Une rentrée de tous les dangers s’annonce pour le contrat social républicain, pour notre modèle social issu des ordonnances de 1945, du programme du Conseil national de la résistance nommé « Les jours heureux »… À cette époque, les gouvernants, et particulièrement Ambroise Croizat en sa qualité de ministre du Travail, développaient concrètement, dans le but d’améliorer la condition des travailleurs dans la jungle capitaliste, un modèle de société plus juste. Aujourd’hui, sous l’égide de Macron et de ses affidés, nous sommes face à une entreprise de démolition planifiée de ce pacte social, à une offensive néolibérale qui considère que, les circonstances étant réunies, le moment est venu d’instaurer un thatchérisme à la française. Cette rentrée 2019 se caractérise par la mise en place de reformes très significatives, toutes marquées du sceau de la brutalité sociale en ce sens qu’elles portent, comme une marque distinctive commune, la notion d’injustice. La réforme du bac, du lycée général et technologique, portée par un ministre de l’Éducation nationale qui maintient son cap, est purement idéologique et réalisée sans concertation ni prise en compte des propositions émanant du terrain. Mais le sujet majeur de la rentrée sera incontestablement celui des retraites. Le plan marketing est lancé. Plus qu’une réforme, il s’agit d’un changement de système radical avec pour objectif de supprimer les régimes spéciaux et donc de contribuer encore un peu plus à la casse des statuts et des droits collectifs ; de réduire la part consacrée aux pensions de retraite dans le PIB afin de répondre aux directives européennes ; d’instaurer un système de retraites par points et d’ouvrir à terme la capitalisation conformément aux vœux du patronat. Et que dire du tour de passe-passe consistant à jouer sur l’âge légal de départ (qui reste à 62 ans) et de l’âge pivot (64 ans) permettant de toucher une retraite à taux plein. Insidieusement, le but est de nous faire travailler toujours plus. Au nom de « l’équité », personne ne sera épargné et nous devrons tous passer sous la toise de la « mutualisation » des régimes, ce nivellement par le bas que cyniquement ils accolent au mot « équité ». Face à cette situation, seule une mobilisation d’ampleur permettra de contrecarrer cette guerre sociale que le gouvernement mène contre le monde du travail. Et à ce titre, la première mobilisation nationale programmée le 24 septembre sera décisive.

Laurent Alcini