Alors même que les antennes de Radio France affichent des résultats d’audience records et que la situation financière du groupe est saine, le plan « stratégique » que vient de présenter la Présidente de Radio France Sibyle Veil prévoit la suppression de 299 emplois permanents et prétend faire plus de 60 millions d’euros d’économie entre 2020 et 2023. Si les départs envisagés ne concernent pas les artistes interprètes et les réalisateur·trices (car engagé·es au cachet) les coupes budgétaires vont les viser directement.

Notons que l’emploi des comédien·nes n’a cessé de baisser depuis le début des années 2000. De 12.000 en 2001, le nombre de services payés aux artistes dramatiques est tombé à 10.000 en 2009 et à 7.000 en 2018 !

Ce qui s’annonce sera d’une ampleur bien plus brutale. Déjà, France Inter a réduit sa production de fictions de manière drastique: – 50% pour les fictions « Affaires sensibles » depuis septembre ; et un quart en moins pour celles d’« Autant en emporte l’histoire ». De son côté France Culture multiplie les rediffusions et privilégie les lectures et les diffusions de captations de spectacle. Ces pratiques ont comme conséquence directe la casse de l’emploi des artistes et des réalisateur·trices.

De plus, Radio France prévoit de fermer les deux derniers studios de fiction dès 2020, avant que ne soient finis les travaux de réhabilitations des futurs studios. En quelques années nous serons passés de cinq studios dédiés à la Fiction à deux, puis à zéro… Et si la direction de Radio France se lance dans la recherche d’un studio extérieur à la Maison de la Radio, c’est avec la seule ambition de trouver un lieu où il serait possible d’enregistrer 150 jours par an, là où les studios 118 et 119 peuvent tourner entre 200 et 300 jours chacun !

Sur ce, les annonces de suppressions de pas moins de 25 postes de techniciens et les baisses de budget dans le cadre du plan « stratégique », nous font craindre le pire tant pour le volume que pour la qualité des fictions radiophoniques. Si les dirigeants de cette maison ne changent pas leurs plans, ce serait une division par 3 ou 4 de la capacité de production de fictions par Radio France, avec des effets à peu près équivalents sur l’emploi des comédien·nes !

Le temps où Radio France pouvait se targuer d’être le premier employeur d’artistes interprètes en France est bel et bien révolu ! C’est à un véritable plan social que nous avons à nous opposer, afin que puisse être préservé notre savoir faire unique en terme de fiction radiophonique.

Alors que les fictions battent des records d’écoute, notamment en podcast, et que leur qualité est reconnue par toutes et tous, y compris à l’international, nous ne pouvons pas rester sans réagir face à ce qui s’apparente au démantèlement d’un pan entier du savoir-faire de la radio publique.

La Fiction radiophonique ne peut pas disparaitre, sacrifiée sur l’autel de la réduction des coûts ! C’est inacceptable. Nous ne devons pas nous laisser faire !

Nous appelons les réalisateur·trices et les artistes interprètes – comédien·nes, bruiteur·euses, artistes lyrique et de variétés – et tous les personnels intermittents concourants aux fictions à se joindre au mouvement de lutte contre ce plan « stratégique » et à être solidaire de la grève du personnel de Radio France, qui débute ce lundi 25 novembre. Cette lutte est aussi la nôtre !

Fictions à RADIO FRANCE ; au autre plan social est en cours !