La période du 26 avril au 26 mai s’annonçait spéciale : euro-manifestation bruxelloise le 26 avril, montée à Paris le lendemain à l’appel de quelques organisations de la CGT, 1er mai, congrès de la CGT puis de la CES, élections européennes. Tout cela sur fond de mouvements sociaux disparates et de défiance vis à vis des organisations. Quel sens donner à tout cela ? Quelle organisation pour mettre quoi en œuvre ? Certainement que la double hélice de l’ADN révolutionnaire s’est momentanément débobinée.
Sortir de l’ornière pour vaincre le capital, qui épuise l’humain et la nature, suppose de faire la clarté sur l’antagonisme de classe. Il s’agit de tenir un cap anticapitaliste tout en convaincant le plus grand nombre, avec des mots d’aujourd’hui, et de s’organiser pour agir. Il est possible et urgent d’en finir avec la régression sociale et la répression patronale ou d’État, qui ne sont pas des fatalités mais des choix politiques.
Il ne faut jamais arrêter de décrire et d’expliquer, pour les refuser, l’exploitation et les oppressions. Sans relâche, dénonçons le système politique qui provoque ce sentiment d’impuissance et cette résignation. Et, bien sûr, refusons la fausse alternative entre LRem et RN, deux faces d’une même pièce capitaliste. Depuis deux ans, ceux qui donnent l’ordre de blesser les manifestants sont à LRem et ceux qui blessent les manifestants votent RN. Mais certains manifestants votent également RN, y voyant le moyen de sanctionner Macron dans les urnes. C’est irresponsable, dangereux, d’utiliser ce vote porteur de haine lorsqu’on prétend aspirer à une société apaisée.
Une société apaisée, il me semble que cela advient quand l’économie répond aux besoins des populations, quand l’égalité et la justice sociale prévalent, quand les droits humains et les droits des peuples sont respectés, quand les citoyens décident réellement de leur projet de société, quand la coopération l’emporte sur la concurrence et la guerre.
Nous avons besoin de redéfinir un projet révolutionnaire. Vite. Sinon, notre volonté CGT de transformation de la société restera vaine et notre syndicalisme finira par s’embourber. Il nous faut une visée ambitieuse et gagner au quotidien ce qui peut l’être. C’est un peu ce qu’on s’est dit au Congrès de Dijon, mine de rien…
Le Congrès de la CGT a décidé de cinq pistes pour militer. Tout d’abord, le travail devrait être un épanouissement pour toutes et tous, la technologie devant être un facteur de progrès. Ensuite, l’égalisation des droits des travailleurs et des travailleuses, qui sont aussi des assurés sociaux, se ferait par le haut. Puis c’est la question de la construction du rapport de forces, pour lutter, qui est posée. Ensuite, la syndicalisation CGT, la qualité de vie syndicale et les modes de structuration sont pointés comme étant des priorités. Et enfin, l’engagement internationaliste de la CGT est réaffirmé.
Ces cinq pistes ont vocation à nous inspirer pour développer la CGT à Paris et construire un rapport de forces en hausse. Nul doute que le lancement de la préparation du 20e Congrès de l’UD de Paris sera l’occasion d’approfondir toutes ces questions.
Benoît Martin