La montée en puissance des idées d’extrême droite depuis plusieurs décennies a réussi à coloniser l’espace public grâce à une propagande offensive et agressive. Il est intéressant de les décortiquer pour mieux cerner leur modèle de société basée sur la discrimination, l’insécurité, le racisme, la violence, la désinformation, le libéralisme et la haine. Et quid des femmes ?
Malgré un relookage de façade pour être présentable aux yeux des citoyens, en affichant une image moins traditionnaliste et un discours simpliste, les fondamentaux n’ont jamais varié. C’est ainsi que la rhétorique employée dévoile une conception de la femme réduite à des fonctions de reproduction et à des tâches domestiques, au nom de l’intérêt national. Aussi, la stratégie de la féminisation ne vise qu’à séduire l’électorat féminin, et croire que le patriarcat n’est plus d’actualité au Rassemblement national serait commettre une grave erreur.
Les faits sont têtus
Car qu’en est-il, en réalité, sur le terrain ? En matière d’égalité professionnelle femme-homme, par exemple, l’extrême droite dit la revendiquer mais n’a jamais avancé la moindre proposition sur le sujet, et a toujours voté contre les lois sur l’égalité professionnelle au Parlement européen. Ah si ! une préconisation pour réduire la précarité de l’emploi chez les femmes : augmenter le temps de travail. Et Jean-Marie Le Pen avait même expliqué que la montée du chômage était due au travail des femmes et que pour endiguer le phénomène, elles devaient être payées pour rester à la maison et s’occuper du foyer.
Et contre les violences faites aux femmes ? C’est simple : lutter contre l’islamisme, qui fait reculer leurs libertés fondamentales. Comme si seul l’intégrisme d’une seule religion serait à l’origine de toutes les violences faites aux femmes. C’est raciste, et surtout ignorant de la réalité des faits car ces violences se constatent quel que soit le pays, la religion ou la classe sociale.
Pour ce qui est du droit des femmes à disposer de leur corps et d’avoir ou non des enfants, l’extrême droite est muette lors des campagnes électorales. En revanche, lors d’interventions publiques, l’ambiguïté est levée : le Rassemblement national revendique la suppression du remboursement de l’IVG, Marine Le Pen déplorant que « les avortements de confort semblaient se multiplier ». Le parti n’a d’ailleurs jamais caché son ancrage dans les milieux catholiques traditionnalistes, dont les valeurs rétrogrades sont fondées sur une représentation familiale très stéréotypée.
Le danger de la banalisation
Sur la différence de traitement des femmes, l’extrême droite prône le principe de la préférence nationale, instaurant ainsi un régime inégalitaire entre les « étrangères » et les « nationales », ces dernières, contrairement aux autres, pouvant prétendre aux prestations sociales comme le logement, l’accès au soin, à l’emploi, à l’adoption, etc. Les arguments identitaires trouvent leurs justifications dans les théories racistes et ségrégationnistes. En divisant les femmes, en en excluant certaines, l’extrême droite divise également la population dans ce qu’elle a de diversité et de mixité.
Évidemment, les personnes LGBTQI+ représentent une hérésie dans l’idéologie véhiculée par l’extrême droite. Si Marine Le Pen, toute à sa stratégie de dédiabolisation, avait évité de s’afficher dans la « Manif pour tous » lors du projet de loi pour le mariage pour tous, sa nièce Marion Maréchal Le Pen avait été l’une des figures de l’extrême droite à porter la vision d’une famille traditionnelle. Les propos, à l’époque, avaient été d’une rare violence contre la communauté homosexuelle.
Aujourd’hui, les attaques de l’extrême droite contre les droits fondamentaux des femmes ne doivent pas être banalisés car leur minimisation lui permet d’envahir d’autres territoires pour étendre son influence dans toutes les strates de la société. La contagion est toujours active en France et la propagation de ces dogmes est l’œuvre d’une dynastie bien identifiée, où le pouvoir n’est partagé qu’entre les membres d’une seule famille. La vigilance et la lutte contre ses idées sont vitales pour les droits des femmes et pour le bien-être de la société.