Après deux premières mobilisations, les 14 et 29 août, les agent·es de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) se sont à nouveau mobilisé·es le 9 septembre.

Réunies en intersyndicale le lendemain de la journée d’action du 29 août, quatre organisations syndicales (CGT, FSU, CFDT et Unsa) avaient acté le principe de maintenir mais aussi d’élargir la mobilisation à la PJJ. Exemple parmi beaucoup d’autres, des conséquences désastreuses des politiques menées depuis quarante ans, le budget 2025 doit reconduire l’austérité. À la Protection judiciaire de la jeunesse, c’est le chaos : coupes budgétaires, suppressions de postes, non-renouvellement du contrat de cinq cents contractuels. C’est ainsi que mille cinq cents enfants en difficulté risquent de se retrouver sans éducateurs dans les prochaines semaines.

Tollé général

Tout est parti d’une réunion convoquée au cœur de l’été, le 31 juillet. Caroline Nisand, la patronne de la PJJ, annonce aux directions interrégionales et aux organisations syndicales la mise en œuvre de restrictions budgétaires de l’ordre de 1,6 à 1,8 millions d’euros, soit plusieurs centaines de postes en moins en moins pour assurer le suivi de plus de cent trente mille enfants. La PJJ, déjà pauvre en moyens humains et matériels, reçoit cette annonce comme une gifle. Tollé général, la mobilisation s’organise.

Une première mobilisation a lieu le 14 août. Puis, jeudi 29 août, des rassemblements importants ont lieu dans de nombreux territoires, avec une grève plutôt bien suivie, même en légère hausse, malgré des tentatives d’obstruction ici ou là. Dans certains territoires, des élus sont venus apporter leur soutien. Des avocats, des greffiers et des magistrats ont manifesté devant les tribunaux judiciaires. Des délégations ont été reçues en DIR et en juridictions. Le combat que porte l’intersyndicale a été largement relayé sur le plan médiatique.

La pression et la mobilisation ont d’ores et déjà permis certaines avancées : renouvellements de contrat dans les différentes DIR, déblocage d’une enveloppe de trois millions d’euros par le ministère, saisine de l’Inspection générale de la justice (IGJ) et de possibles autorisations dans certaines DIR (Directions inter-régionales) à recruter à nouveau à compter du 1er novembre (mais qui reste à confirmer).

De nombreux enfants sur liste d’attente

Malgré tout et pour l’heure, cela n’est pas encore suffisant. Que va-t-il advenir des suivis durant cette période et quelles conséquences cela va-t-il avoir sur les conditions de travail ? Le nombre d’enfants mis sur liste d’attente à la rentrée dans les services de milieu ouvert de la PJJ commence déjà à progresser. Les postes restés vacants ajoutés aux absences non remplacées vont impacter lourdement le fonctionnement des services. Que dire des missions illégalement imposées pour venir renforcer les hébergements ? La précarité de l’emploi démontre bien la fragilité de la continuité des missions. Comment envisager la baisse des normes de prises en charge si on ne peut déjà pas embaucher le minimum d’agents requis pour faire fonctionner normalement nos services ? Si à ce jour aucune information officielle et fiable n’a été communiquée sur d’éventuels allègements de mesures, l’intersyndicale annonce déjà qu’elle ne se contentera pas de ces seules annonces qui reviendraient, sans moyens humains supplémentaires, à allonger davantage les listes d’attente.

Le mépris de la direction

En plein cœur de la crise qu’elle a elle-même provoquée, la directrice de la PJJ se permet toujours de mépriser le dialogue social et les demandes de l’intersyndicale. Alors que l’intersyndicale a demandé des données chiffrées sur la situation actuelle pour la rencontre avec l’IGJ, la directrice se permet de différer la transmission de ces informations alors même que les équipes de la DPJJ savent en temps réel l’état des services à force de matraquer les Directions Inter-régionales de demandes de remontées de « tableaux ». Pourquoi alors refuser de nous les communiquer si ce n’est pour annihiler le contrepouvoir syndical ? Tout cela est irresponsable. Si on voulait démanteler la PJJ et casser le peu d’attractivité qui demeurait, on ne s’y prendrait pas autrement.

Savoir que la PJJ emploie au total 9 763 personnes, dont 2 273 contractuels, selon les chiffres 2023 du ministère de la Justice. Les éducateurs de la PJJ suivent près de 137 000 enfants et adolescents, des mineurs délinquants le plus souvent en grande difficulté.