Le vendredi 10 octobre, des centaines de salarié·es du BHV Marais se sont mis·es en grève pour protester contre les suppressions de postes et la dégradation de leurs conditions de travail. Ils réclamaient également l’intervention des pouvoirs publics pour protéger leurs emplois. Enfin, ils et elles demandaient l’arrêt immédiat du partenariat avec Shein, enseigne chinoise connue pour ses produits à bas coûts hautement toxiques, son exploitation des travailleurs dans des conditions quasi carcérales, son empreinte écologique désastreuse et ses pratiques frauduleuses.

Début octobre, Frédéric Merlin, directeur de la société foncière SGM devenu propriétaire du BHV en novembre 2023, annonce par voie de presse l’implantation de la marque chinoise d’ultra fast fashion Shein dans l’emblématique grand magasin de la rue de Rivoli ainsi que dans cinq établissements Galeries Lafayette qu’il exploite sous franchise. Ne possédant aucune expérience sérieuse dans ce secteur, ce jeune entrepreneur venu de l’immobilier a déclaré à cette occasion que le commerce n’était que du buzz. Une méconnaissance qui lui aura valu un sérieux retour de bâton : non seulement il a provoqué une levée de boucliers des commerçants et de la classe politique mais il a également perdu l’appui politique de la maire de Paris et a été exclu de l’Union des commerces de centre-ville, le syndicat patronal des grands magasins.

Une gestion opaque et défaillante

L’annonce de ce partenariat a surtout abouti à la rupture des négociations avec la Caisse des dépôts et consignations qui devaient lui permettre de boucler le financement permettant le rachat des murs du BHV, rendant plus fragile encore une situation économique déjà extrêmement préoccupante. En recherche désespérée d’investisseurs et en difficulté vis-à-vis de ses créanciers, Frédéric Merlin a multiplié les annonces farfelues sur le devenir du BHV sans jamais parvenir à enrayer la baisse vertigineuse du chiffre d’affaires.

La CGT alerte depuis plusieurs mois sur la situation sociale, économique et financière qui ne cesse de se dégrader, en particulier l’absence de stratégie commerciale et une gestion opaque et défaillante. Les interventions d’élu·es parisien·nes, les droits d’alerte économique exercés et la forte mobilisation des salarié·es du BHV à l’occasion d’un premier mouvement de grève le 4 juillet ne sont pas parvenus à ramener Frédéric Merlin à la raison.

 Aujourd’hui, après avoir mené le BHV au bord de la cessation de paiement, il apporte son concours à un modèle économique qui a participé à la destruction de milliers d’emplois dans l’habillement. C’est d’ailleurs très cyniquement qu’il annonce la création de deux cents emplois grâce à l’implantation de Shein alors qu’il a supprimé en deux ans environ trois cents emplois directs au BHV (un tiers des effectifs), sans compter le personnel des maisons extérieures.

Shein en tête de gondole : la destruction des emplois, des droits et de l’environnement

L’implantation de Shein dans les magasins exploités par la SGM survient à la suite de l’adoption par l’Assemblée nationale et le Sénat d’une proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile destinée assez explicitement à la marque chinoise. Depuis cette date, Shein conduit une intense et offensive campagne de lobbying. Alors qu’il prétend dans la presse avoir convaincu Shein de changer de modèle économique, Frédéric Merlin est en réalité l’idiot utile d’une entreprise symbole d’un capitalisme prédateur et destructeur d’emplois, de savoir-faire, de droits et d’environnement.

Les salarié·es du BHV et des marques présentes sur site sont attaché·es à leur enseigne et à leurs métiers. Ils et elles sont aujourd’hui les premières victimes de l’incurie de la SGM, qui met en péril leurs emplois. Pour l’US CGT Commerce Paris et sa section du BHV, il y a urgence à établir un ordre public économique en donnant aux pouvoirs publics la capacité d’intervenir dans les décisions du patronat quand elles représentent une menace directe pour les intérêts collectifs des salariés et des citoyens.