Et si nous bâtissions une société égalitaire et démocratique ? Vaste programme, à mille lieues de l’idéologie dominante, qui est l’idéologie des dominants. Sauf que la contestation des inégalités et des injustices est venue sur le devant de la scène. Quelle est cette société, quel est ce système, dans lesquels quelques intérêts particuliers, ceux des plus riches et des puissants, prévalent sur l’intérêt du plus grand nombre ? Cette société, ce système, sont capitaliste et patriarcal ; ce régime est présidentiel.
Et si l’heure était venue de tout balayer ? Dire cela serait un voeu pieu s’il n’y avait pas des signes prometteurs, et ils ne manquent pas ! L’idéologie dominante est de plus en plus fréquemment secouée par des soubresauts démocratiques qui mettent en avant l’intérêt du plus grand nombre. Des actes démocratiques sont posés à partir de la formulation d’un contenu précis, puis par une expression populaire, majoritaire, qui se produit soit par vote-votation, soit par pétition.
Soyons concrets en citant les exemples les plus significatifs. Dans l’ordre chronologique : le référendum de 2005, la votation sur La Poste en 2009, la pétition contre la loi El Khomri, la consultation « arroseur arrosé » chez Air France, la consultation CGT auprès des cheminots, la pétition contre l’augmentation des taxes sur les carburants. On le sait, ces pétitions et autres consultations sont mieux que des sondages ; elles sont le reflet fidèle d’une expression très majoritaire dans le pays.
Sauf que nous sommes dans une période dans laquelle la démocratie est très relative, voire inexistante. Nous votons peu pour des contenus précis -et lorsque c’est le cas les avis majoritaires sont bafoués-, alors que nous élisons beaucoup (des élu.e.s). Ce qui est fou, en France, c’est qu’on élit quelqu’un qui peut dissoudre l’assemblée nationale composée de 577 élu.e.s ! Et chacun.e des élu.e.s, de l’échelon communal à l’échelon national, n’est pas tenu de tenir ses engagements ! On est loin du principe de l’élu.e révocable, ayant un mandat impératif, cher à la Commune de Paris…
Il s’agissait là de l’espace citoyen. Parlons maintenant de l’entreprise : on nous dit souvent que la démocratie s’arrête aux portes des entreprises, et on vient de dire que même à ses portes elle est toute relative.
Et si on gagnait la démocratie dans les entreprises, avec des travailleur.se.s pouvant décider de ses finalités ainsi que des conditions de travail et de rémunération ? Utopie ? Vieille référence à des situations coopératives ou à des conseils ouvriers (soviets) ? Peut être, sauf que la lutte et le débouché des 1336 jours de grève des Fralib est un événement récent, et que la prise de contrôle provisoire de la boutique EDF du quartier Barbès par des agent.e.s syndiqué.e.s à la CGT est une actualité encore toute chaude, bouillonnante de promesses…
Et si le vrai changement, égalitaire et démocratique, c’était pour demain ? Une étape importante sera le 8 mars, dans la foulée de Nous Toutes, puisant dans la mobilisation des femmes au sein du mouvement social et jusqu’au sein des gilets jaunes.
Benoît MARTIN