Ces jours-ci, ce sont des moments festifs, des joies musicales et sportives, qui ont été réprimés. A Nantes, des personnes fêtant la musique ont été violentées ; où est Steve ? Ailleurs, des supporters de l’équipe de football d’Algérie ont été réprimés : est-ce maintenir l’ordre avec discernement et proportionnalité que d’arroser de gaz lacrymogène des familles entières ?

Monsieur Macron a déclaré le 7 mars : « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit. » Ce raisonnement est faux. Logiquement, il faudrait dire : « puisque la répression et les violences policières sont des faits établis, est-on toujours dans un Etat de droit ? »
Monsieur Macron, cela commence à se voir et à se savoir : la France est devenue un Etat très brutal. C’est sans précédent depuis la guerre d’Algérie, au point de se retrouver désormais au ban des nations.

Retrouver l’Etat de droit suppose de desserrer l’étau, en répondant à l’essentiel des problèmes posés dans les différentes mobilisations, en créant de nouveaux droits favorables au plus grand nombre. Lorsque des pas auront été franchis dans le sens de la justice sociale, quand les salaires, les pensions et allocations augmenteront, lorsque le chômage sera vaincu, quand la justice fiscale sera établie, lorsque l’écologie sera enfin considérée comme un enjeu majeur, lorsque les libertés fondamentales seront assurées, quand l’égalité et la démocratie ne seront plus des slogans creux, vous pourrez vous targuer, monsieur Macron, d’avoir rétabli l’Etat de droit. Mais cela se fera peut-être sans vous, tant vous incarnez le mariage de la 5e République et du néolibéralisme.

Les opprimés et les exclus se rebiffent, les agents hospitaliers, les enseignants, les cheminots et tant d’autres revendiquent, les syndicalistes et les écologistes se font entendre, les travailleurs sans papier ont le courage de déclencher des grèves avec occupation de leur lieu de travail, les femmes se mobilisent tandis que des groupes de citoyens relèvent la tête. Y compris sur la question du climat et de la biodiversité. Tout ce monde-là s’organise d’une manière ou d’une autre, ne réussissant pour l’instant que partiellement à additionner les forces de toutes ces colères face au gouvernement.

Certaines résistances étaient prévues par le pouvoir, mise à part le mouvement des gilets jaunes, Nous toutes, et les jeunes pour le climat, ce qui fait tout de même beaucoup ! D’où la panique de ce pouvoir. Certes, les mouvements féministes et pour le climat ne sont pas attaqués à coup de LBD 40, mais les fins de non-recevoir du pouvoir sont autant de mépris aux graves conséquences. Insistons sur la violence politique que représente le fait de ne pas recueillir ou de ne pas donner suite aux plaintes pour : violences conjugales, sexistes et sexuelles, racisme, LGBT-phobie, violence policière.

L’escalade répressive, amorcée dans les quartiers populaires depuis des décennies, et ponctuée par des périodes chaudes pour le pouvoir face aux mobilisations de salarié.e.s et de jeunes, a franchi un cran depuis le quinquennat Hollande (Rémi Fraisse, COP 21, loi travail, Adama Traoré). Depuis l’élection de Macron, la tension s’est accrue, avec la répression sanglante du mouvement des gilets jaunes, la mort de Zineb Redouane, des milliers de blessés, d’arrestations arbitraires et de condamnés. Les droits de manifester et de s’exprimer ont été fortement mis à mal par le gouvernement. La République est en marche arrière et la régression sociale en marche avant ! la CGT ne s’y résoudra jamais. L’heure est à la préparation d’une rentrée sociale offensive !