Une petite soixantaine de militant·e·s cégétistes, communistes et du Comité Charonne se sont réuni·e·s le 8 février pour revendiquer la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans l’assassinat sauvage de nos neuf camarades par les forces de répression.

Le 8 février 1962, à l’appel des organisations syndicales CGT , CFTC , UNEF , SGEN , FEN et SNI , soutenues par le PCF , le PSU et le Mouvement de la paix, des milliers de manifestant·e·s bravent l’interdiction pour défendre la paix en Algérie et la liberté de son peuple à l’autodétermination. C’est la réponse des progressistes aux exactions de l’extrême droite, notamment de l’Organisation de l’armée secrète (OAS ), qui combat ces valeurs.

Difficile de ne pas faire un parallèle

L’État, avec ses relents colonialistes, envoie ses forces du désordre réprimer dans le sang les pacifistes. C’est ce que précise Yann Garroui, secrétaire de l’Union régionale d’Île-de-France de la CGT , lors de cette 58e commémoration : « Se rassembler, se souvenir aujourd’hui du massacre du métro Charonne lors de la manifestation du 8 février 1962, c’est se rappeler que le fascisme avait tissé sa toile jusqu’au sommet de l’État. »

Huit camarades perdront la vie dans la station de métro Charonne et un neuvième, présent lors du massacre, décédera des suites de ses blessures à son arrivée à l’hôpital. Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT RATP, met l’accent sur le contexte de cet hommage : « Cette année encore, la 58e commémoration de Charonne s’inscrit dans un contexte social particulier, lié à la fois à la poursuite en 2019 du mouvement citoyen des gilets jaunes et, plus récemment, du mouvement d’ampleur contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, en cours encore aujourd’hui. Il est difficile de ne pas faire un parallèle avec le 8 février 1962 puisque ces mobilisations ont à chaque fois été entachées par des violences policières. »

Un crime d’État

Effectivement. Surtout avec les mots que reprend Éliane Assassi, sénatrice PCF : « Avant de manifester ce 8 février [1962], Anne-Claude Godeau écrivit : “Ce soir, je vais à une manifestation à la Bastille, encore interdite. Je me mettrai en tenue sport et, en tournant et retournant par les petites rues, je parviendrai bien à rejoindre un groupe.” » Cette privation des libertés rappelle étrangement les pratiques gouvernementales actuelles face aux « gilets jaunes ».

Le pouvoir politique a-t-il véritablement changé ? L’État continue de réprimer celles et ceux qui relèvent la tête, qui disent non à l’exploitation de l’homme par l’homme et qui défendent les libertés. Pour la sénatrice communiste, « il ne s’agit pas d’un chapitre éloigné de notre histoire commune mais d’un jalon de ce que nous construisons ensemble aujourd’hui ». C’est pour ces raisons que le Comité Charonne pour la vérité et la justice revendique la reconnaissance du crime d’État, un nouveau levier afin que le pays des Lumières rende également un jour justice aux victimes des violences policières actuelles.

Sources :