Le SLI-CGT s’inquiète des déclarations du ministre de l’économie ce matin sur France inter et de leurs conséquences. En réponse aux préoccupations économiques des propriétaires et gérants de librairie, qui s’alarment de voir Amazon continuer de fonctionner sans aucun frein, M. Le Maire songe à autoriser la réouverture des librairies indépendantes. Cette perspective est inenvisageable ! Les, heureusement rares, patrons de librairies qui se sont réjouis parfois publiquement de cette annonce sont, au mieux, inconscients.
Bruno Le Maire le disait lui-même ce matin, une librairie n’est pas un supermarché mais « un lieu où l’on flâne et où l’on reste longtemps ». On prend un livre, on le feuillette, on le repose, on discute longtemps avec le/la libraire pour être conseillé… Tout cela n’est pas compatible avec les exigences sanitaires actuelles. Envisagerait-on sérieusement de transformer les librairies en drive-in et les libraires en manutentionnaires-livreurs ? Ce sera sans nous !
Ouvrir la possibilité de venir en librairie c’est recréer les conditions de milliers de micro-contacts et donc autant de possibilité de contaminations. Entre prendre les mesures qui pourraient limiter la casse économique en exposant encore plus de personnes au virus, ou assumer les décisions cohérentes avec ce que cette épidémie nous impose, il faut choisir ! Les librairies doivent rester fermées.
Les centres logistiques de produits qui n’ont pas une importance vitale doivent être fermés également, au plus vite ! Amazon continue aujourd’hui de grignoter des parts de marché parce qu’il a la possibilité légale de jouer avec la santé de ses salariés et de ses clients. En attendant que le gouvernement prenne enfin ses responsabilités et s’attache à protéger la santé des plus précaires autant que celle des travailleurs qualifiés qui peuvent basculer en télétravail, nous apportons notre solidarité aux salariés des entrepôts d’Amazon (manutentionnaires, livreurs) qui sont aujourd’hui en danger et les exhortons à utiliser leur droit de retrait.
Par ailleurs, nous sommes ravis d’entendre un ministre d’Etat saisir l’occasion d’affirmer son attachement à la librairie indépendante en cette période de crise. Mais nous nous devons de souligner amèrement que ce discours n’est pas habituel. Les librairies souffrent depuis longtemps de l’absence de volonté ou de courage des gouvernements successifs à affronter le pouvoir économique d’Amazon. Il est temps que les pouvoirs publics se saisissent pleinement de la question de la survie des librairies indépendantes dont le grand nombre et un maillage serré sur tout le territoire sont indispensables au dynamisme culturel de notre pays, ainsi qu’à une vie démocratique saine.
Le SLI continuera d’agir pour les emplois, les qualifications et la rémunération des salariés de la branche.
Ce qui est essentiel aujourd’hui, c’est la lutte contre la propagation d’un virus potentiellement mortel .
L’ensemble des pouvoirs publics, jusqu’à Emmanuel Macron lui-même dans son discours du jeudi 12 mars, l’affirme : il faut impérativement écouter les scientifiques et obéir à leurs préconisations. Ceux-ci sont très clairs sur la conduite à suivre et la répètent inlassablement : pour sauver des vies, RESTEZ CHEZ VOUS.
Il est hors de question que nous retournions sur nos lieux de travail.
Le Syndicat des Libraires d’Ile de France – CGT
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