Le préfet Lallement a interdit la manifestation de la Marche des libertés du 28 novembre 2020 pour la cantonner à un rassemblement statique, sous un prétexte sanitaire fallacieux : il est plus dangereux d’entasser des milliers de manifestants sur une place enserrée par des grilles antiémeute que de les laisser défiler.Le lundi précédent, il avait lâché sa police contre des immigrés sans abri, place de la République, dans des conditions extrêmement choquantes.
Son ministre de tutelle, Gérald Darmanin, lui a pourtant renouvelé sa confiance.C’est le même Darmanin qui défend en ce moment même une loi de « sécurité globale » destructrice de nos libertés, bien au-delà de son emblématique article 24.
Incontestablement, le libéralisme s’installe dans une phase autoritaire dont l’objectif est de surmonter l’inacceptabilité de ses diktats par les populations, en France ou ailleurs.Le mythe de ses bienfaits s’est écroulé en 2008, et pour continuer de défendre l’accroissement des profits et des inégalités, il ne peut plus compter sur un consentement majoritaire.
Cette phase a nettement démarré sous Manuel Valls, durant laquelle Macron, déjà, était ministre.Il est aujourd’hui président, et si nous ne sommes pas encore gouvernés par l’extrême droite, tous les outils sont déjà en place pour le jour de son avènement.
La situation est d’autant plus alarmante que les contre-pouvoirs en France n’ont pas pour l’instant les capacités de régulation suffisantes et sont de surcroît affaiblis.La presse est très majoritairement aux mains de la finance, et la justice n’exerce un contre-pouvoir qu’à la marge puisque, dans notre pays, elle ne peut qu’appliquer la loi.
Au premier chef de cette dérive autoritaire, il y a bien sûr la volonté de museler les luttes des travailleur-ses.Ce n’est pas par hasard que cette dérive autoritaire est née au moment de la bataille contre la « loi El Khomri ».Il nous faut donc non seulement la combattre mais inscrire cette défense de nos libertés au premier rang de nos priorités.
Or, le pouvoir se sert d’une attente forte en matière de sécurité pour instaurer un régime d’exception permanent.Notre responsabilité est de défendre un projet collectif porteur d’un autre idéal que celui de la peur, d’une autre sécurité que la répression.
La seule sécurité globale qui vaille, c’est la sécurité sociale globale.Il nous revient, travailleuses et travailleurs, de nous battre pour en imposer la réalisation et de dire qu’elle ne sera possible que dans une véritable démocratie, égalitaire entre les femmes et les hommes, débarrassée de tout racisme, et soucieuse des dangers que court la planète.
Karl Ghazi, UD de Paris
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