Depuis les résultats des élections européennes qui ont vu l’arrivée en première position de l’extrême droite, depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le risque devoir l’extrême droite accéder au pouvoir n’a jamais été aussi grand.

On le sait, le Rassemblement national, c’est la promesse de politiques antisociales, racistes et sexistes. C’est la mise au pas des contre-pouvoirs et des libertés démocratiques. C’est aussi le déchaînement de violences, tout de suite.

Dans la nuit du 9 juin 2024, après les résultats des élections européennes et l’annonce de la dissolution, quatre militants d’extrême droite, dont Gabriel Loustau, patron du GUD, ont commis une agression homophobe à Paris. Quand ils ont été arrêtés, ils ont déclaré avoir hâte que l’extrême droite arrive au pouvoir pour pouvoir agresser des personnes homosexuelles sans rien craindre. Cela indique bien le risque de violences immédiates de la part de groupuscules qui se sentiraient pousser des ailes si Bardella arrivait au pouvoir.

Ce risque de l’extrême droite est central pour les syndicalistes que nous sommes, et il implique que la CGT doit agir maintenant. La CGT a rejoint le Front populaire, mais celui-ci ne peut être qu’un cartel de partis de gauche plus ou moins alliés de circonstance. Le Front populaire, c’est notre outil pour proposer face au fascisme, dans l’urgence mais aussi dans la durée, un autre projet de société, un projet porteur de progrès social. La CGT y a toute sa place et sa légitimité.

Est-ce qu’en appelant à voter pour le Front populaire nous signons aux député·es qui seront élu·es un chèque en blanc ? Certainement pas. Il s’agit de mettre les élections sous pression populaire en faisant entendre nos revendications. Il s’agira, quel que soit le résultat, de mettre la pression populaire par nos luttes.

Notre organisation compte plus de six cent mille adhérents. À Paris, nous sommes trente-huit mille. Notre force, c’est notre nombre, notre organisation et nos implantations. Nous avons des locaux syndicaux dans la plupart des arrondissements. Nous avons des unions locales qui fonctionnent. Nous sommes au contact de nos collègues, nous vivons la même vie qu’elles et eux, nous vivons l’exploitation sous la même forme. Nous sommes donc en capacité de déployer notre démarche syndicale habituelle, c’est-à-dire aller à la rencontre des travailleuses et des travailleurs, au plus près de leur poste de travail, et de mobiliser pour cela l’ensemble de nos syndiqué·es. En réunissant les salarié·es en AG partout où c’est possible, nous pouvons construire avec elles et eux des plates-formes revendicatives qui répondent à leurs besoins.

À nous de donner aux salarié·es les clés de la construction de mobilisations qui ne seront pas juste un point d’appui à un processus électoral mais bien l’élément central d’une dynamique de progrès social et démocratique.