Les élections dans les très petites entreprises (TPE, moins de onze salarié·es) se sont achevées le 9 décembre 2024. Elles ont été marquées par un net regain du vote CGT en pourcentage (27,64 %) mais aussi par une nouvelle baisse de la participation.

Les suffrages exprimés lors des élections dans les TPE en 2024 ne représentent plus désormais que 4,07 % des électeurs et électrices inscrit·es (le taux était de 5,44 % en 2021). Il s’agit là d’une désaffection profonde, dont on constate l’augmentation cycle après cycle. En 2012, le taux de participation, alors déjà faible, s’établissait à 10,38 %. Il n’a cessé de cesser de baisser depuis, scrutin après scrutin.

Cette élection, qui concernait pourtant 5 380 351 inscrit·es en 2024, est restée invisible dans les médias et dans le débat public. Quelques encarts publicitaires et quelques affiches, financés par les organisations syndicales, ont pu alerter les électeurs attentifs. Les professions de foi que des électeur·ices heureu·ses ont parfois reçues et le travail militant de terrain ont été les principaux vecteurs d’information pendant les semaines qui ont précédé le scrutin.

Une volonté cachée

Cette fois encore, les pouvoirs publics ont voulu démonétiser (pour la supprimer !) la dernière élection professionnelle ouverte à un très grand nombre de salarié·es. Il faut ajouter à cette discrétion voulue le problème majeur que constitue le peu d’utilité des instances que les salarié·es des TPE sont appelé·es à élire : les commissions paritaires régionales interprofessionnelle (CPRI) constituent une usine à gaz, et les salarié·es des TPE le perçoivent bien.

Sans une réforme de leur fonctionnement et de leurs attributions, qui permettrait aux représentant·es des salarié·es de peser efficacement dans la défense de leurs droits, il sera toujours difficile de convaincre une majorité de travailleurs et de travailleuses de participer au scrutin.

À Paris, la campagne a payé

Il n’en reste pas moins que le vote de près de 210 000 salariés donne une image fidèle de l’audience réelle des syndicats, qu’aucune enquête d’opinion ne peut concurrencer. Et ce sondage grandeur nature montre une CGT en forme, qui tient une première place très solide nationalement.

Avec 27,64 % des suffrages exprimés (26,31 % en 2021), elle régresse en nombre de voix (58 001 en 2024 contre 67 634 en 2021) mais progresse en pourcentage, loin devant la CFDT, qui perd à la fois des voix et des points et se classe deuxième (14,86 % en 2024 contre 16,46 % en 2021).

Cette progression de la CGT traduit une progression de l’approbation du syndicalisme de lutte qu’elle incarne et de son rôle dans le combat mené contre la réforme des retraites de 2023. Cette satisfaction, même relative, est amplifiée à Paris où, pendant de longs mois, les militants de la CGT se sont déployés pour inciter les salarié·es à voter. Si nous progressons en pourcentage, comme sur le plan national, la CGT parisienne progresse aussi en nombre de voix. Cela constitue une véritable performance dans le contexte d’une baisse globale de la participation (5 798 voix en 2021, 6 156 voix en 2024).

Pour des mandats plus visibles et plus concrets

Aux élections des caisses de la Sécurité sociale autrefois, aux élections prud’homales jusqu’au milieu des années 2000, et aujourd’hui encore aux élections des TPE, la CGT est toujours arrivée première dans les votes des salarié·es. Il est important de conserver des élections qui, contrairement aux scrutins d’entreprise, permettent aux salarié·es de choisir parmi tous les syndicats existants. Il n’existe pas de meilleure mesure de la représentativité syndicale en France. Or, en invisibilisant les élections TPE et en rendant leur objet (l’élection d’instances peu utiles) peu enthousiasmant, les pouvoirs publics préparent le terrain pour supprimer la dernière élection de ce type.

Nous pourrons empêcher cette disparition par notre travail militant entre les élections, par notre investissement préélectoral, et par la revendication d’instances de représentation efficaces pour les salarié·es des TPE.