« Sécurité sociale : les mensonges, ça suffit ! » est le titre d’une brochure que vient de publier l’Union syndicale des retraité·es CGT de Paris. Une histoire de la Sécu, pour mieux la connaître, la comprendre et la défendre.
« Y en a marre ! » C’est à peu près ce que se sont dit des membres de l’Union syndicale des retraité·es (USR) CGT de Paris à force d’entendre ou de lire des contre-vérités sur la Sécurité sociale. Il fallait donc empêcher ce serpent de mer d’hypnotiser, tel Kaa, les travailleuses et les travailleurs par les imprécations du pouvoir et du patronat. À l’USR, on a commencé par griffonner quelques notes pour démonter les arguments du gouvernement et du Medef et rétablir quelques vérités, sans trop savoir quelle forme ce travail allait prendre. Assez vite, on s’est aperçu qu’un simple tract serait insuffisant ; puis, au fil des débats, de la documentation, de l’actualité des retraites et des enjeux, on s’est dit que la meilleure réponse à apporter face aux menaces qui pèsent depuis sa création sur la Sécurité sociale était justement d’en rappeler l’histoire.
De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins
C’est ainsi qu’à mûri ce projet, qui a abouti à la réalisation d’une brochure remarquable, « Sécurité sociale : les mensonges, ça suffit ! », dont l’USR CGT de Paris peut s’enorgueillir. Depuis les balbutiements de la protection sociale jusqu’à aujourd’hui, vous saurez tout sur ce qui fut et reste encore une avancée révolutionnaire majeure dans notre pays :la création d’un organisme qui met travailleuses et travailleurs à l’abri des aléas en matière de santé, d’accidents, de chômage et de vieillesse, au moyen de finances récoltées par la cotisation et selon le principe suivant : de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins.
En 1945, quand le projet finalisé a été présenté, les patrons hurlaient : fous, insensés, ce projet est impossible à réaliser, on ne peut pas mettre ça en place. Ce à quoi Ambroise Croizat, ministre du Travail de l’époque, répondit avec flegme : « Ce sera possible parce qu’on le veut. » Comme quoi, quand on a le rapport de force… Parce que ce « on » qui le voulait, c’étaient des millions de prolétaires, et c’était aussi « leur » affaire. Car la Sécurité sociale a d’abord été gérée majoritairement par les organisations syndicales de salarié·es : le patronat était représenté à hauteur de 25 %, contre 75 % pour les travailleuses et les travailleurs.
Ce qui, aux yeux du patronat, était prétendument impossible lui devint alors réellement insupportable, et l’histoire de « la Sécu », c’est celle des attaques qu’elle n’a cessé de subir depuis son berceau jusqu’à son âge aujourd’hui vénérable de 80 ans. Pas une destruction au bulldozer, car elle était trop appréciée des Françaises et des Français, mais un grignotage permanent, tant sur le plan politique (la lente mais certaine réappropriation par l’État de sa gestion) qu’économique (l’intrusion grandissante des mutuelles, c’est-à-dire des assurances privées).
Un conquis à défendre
C’est toute cette histoire que raconte la brochure de l’USR CGT Paris, outil on ne peut plus précieux pour comprendre la stratégie du patronat et de ceux qu’il mène au pouvoir, la nature de ses attaques et leur portée, et la vigilance qu’il faut exercer sur ce sujet. En 2007, dans une interview donnée au magazine Challenges, Denis Kessler, alors vice-président du Medef, déclarait : « Il faut défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ». La formule est glaciale et évoque une feuille de route parfaitement respectée. Les auteurs de la brochure expliquent comment la Sécurité sociale est, au même titre que d’autres secteurs du service public, « méthodiquement » détricotée.
À la disposition des militant·es, des jeunes jusqu’aux retraité·es, des Parisien·nes mais bien sûr au-delà des limites de la capitale également, elle est à commander à l’UD, qui a organisé pour son lancement un après-midi de débats, salle Hénaff le 7 avril. L’affluence comme la haute tenue des interventions témoignent d’un sujet aussi important qu’actuel et laisse présager une large diffusion de cette brochure de 32 pages. Un outil indispensable.