Centres de santé de Stalingrad (19e), du Moulinet (13e), Institut Mutualiste Montsouris (IMM, 14e), autant d’établissements de soins dont l’existence est menacée mais qui résistent grâce à la mobilisation des personnels et des usager·es. Tour d’horizon.
• Centres de santé Haxo (20e) et Olympiades (13e)
Ces deux centres de santé de la Croix-Rouge, fermés, sont en attente de remunicipalisation. Tout comme l’ensemble des établissements du secteur médico-social, ils sont confrontés à une forte pression budgétaire, liée aux efforts de maîtrise des dépenses imposés par le gouvernement et à la tarification à l’acte (T2A). Le modèle économique des centres de santé est intrinsèquement déficitaire, pour plusieurs raisons : les tarifs du secteur 1 sont plafonnés ; les missions d’intérêt général sont insuffisamment financées, et la gestion du tiers payant engendre des coûts élevés. Une situation d’autant plus difficile que la plupart des patients ne disposent pas de mutuelle. Pour préserver l’offre de santé, et notamment une offre accessible en secteur 1, la Mairie de Paris envisageait de municipaliser les deux centres. Le groupe « Communiste et Citoyen » a d’ailleurs déposé dans ce sens deux vœux aux conseils d’arrondissement des 24 janvier et 6 mai 2024 et un au conseil de Paris. Par ailleurs, le groupe continue d’interpeller l’État, notamment par la voix du sénateur communiste de Paris Ian Brossat, sur la tarification des centres de santé et leur financement. Il s’agit d’un vrai choix politique à l’heure où 60 % des habitants d’Île-de-France vivent dans un désert médical.
• Centre de santé du Moulinet
C’est gagné. Au moins pour l’instant, et c’est peut-être pour ça qu’on ne crie pas victoire trop fort. En 2023, c’était pourtant mal parti : cessation de paiement, redressement judiciaire, liquidation judiciaire. Pourtant, ce centre accomplit 190 000 actes par an et propose une dizaine de spécialités. Mais quand le patron est véreux… De plus, la section syndicale était en sommeil. Aussi, il a fallu toute la détermination du Comité des usagers pour la défense des services publics des 5e et 13e arrondissement (né durant le mouvement des cheminots de 2018 et qui tient ses réunions à l’UL CGT du 13e) pour faire de la résistance et obtenir la désignation d’un repreneur, Instan Care, avec maintien du centre en secteur 1 et de toutes les disciplines médicales (seule la boutique d’optique a disparu). Mieux : le comité d’usagers reste un interlocuteur et, sous son impulsion, la section CGT renaît. Il fait pression également sur l’ARS pour un soutien financier, sur la mairie du 13e pour que le centre soit municipal (la mairie a proposé de racheter les murs) et il a obtenu que le site soit dévolu aux seules activités médicales alors que des projets de bureaux commençaient à germer. Mais prudence ! L’avenir n’est jamais certain, et le propriétaire des murs fait monter les enchères comme le loyer.
• Institut Mutualiste Montsouris (IMM)
Cet hôpital de droit privé à but non lucratif a une réputation – et une fréquentation – qui dépasse les limites de Paris et même de la région Île-de-France. Établissement d’excellence, il ne pratique pas le dépassement d’honoraires (il est en secteur 1) et est en pointe dans plusieurs spécialités. Une réputation confirmée par la promptitude des usager·es à signer et à faire signer la pétition pour sa sauvegarde (8 000 signatures). Car il est en règlement judiciaire. Alors que l’activité augmente d’année en année. Mais les personnels sont unanimes : pas facile de faire cohabiter excellence et secteur 1 quand il faut tout payer avec les « recettes » de l’hôpital, y compris le loyer (l’État est propriétaire du terrain, loué sept millions par an), y compris le bâti quand on construit une unité de psychiatrie dans un contexte de déshérence de cette discipline.
L’hôpital est propriété de la MGEN et de la Matmut, qui se désengagent, et l’ARS, qui souhaitent remettre en cause l’excellence et laisser déposer le bilan pour restructurer, ne fait rien, si ce n’est de refuser le rééquilibrage des comptes. Des repreneurs sont sur les rangs et l’un d’entre eux sera désigné le 31 mai.
Un « Collectif IMM vivra » a éclos, soutenu par la CGT (IMM, UL 14 et US Santé Paris), des conseils municipaux et des élus de gauche. Il a été reçu par le ministre (qui comprend, est d’accord, et… ne prend aucun engagement), réclame une prise de position de l’AP-HP, exige un rééquilibrage des comptes par l’ARS, se méfie comme de la peste du futur repreneur et projette de nouvelles popularisations et mobilisations. À suivre.