Depuis avril 2022, l’entreprise Fraîcheur de Paris est devenue le principal fournisseur de froid de la Ville de Paris. L’opérateur, filiale à 85 % d’Engie et à 15 % de la RATP, alimente en froid de nombreux sites. La Ville de Paris compte désormais étendre son activité aux bâtiments municipaux (crèches, écoles, hôpitaux) et tripler le réseau d’ici à 2040. Face aux enjeux du réchauffement climatique, une production de froid neutre en CO2 est un enjeu majeur pour la ville. Et dans cette entreprise stratégique et en plein développement, la CGT s’est récemment implantée via l’UL du 12. Reste à renforcer cette présence, à la développer et à l’organiser.

À deux pas du pont des Invalides, sur la rive droite de la Seine, sans que rien ne laisse deviner sa présence, se cache l’une des dix centrales de production de Fraîcheur de Paris, le concessionnaire du réseau de froid urbain de la capitale. Pour y accéder, un escalier en colimaçon rétractable sort du trottoir. Sur quatre niveaux descendant à plus de trente mètres de profondeur. Des machines y tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour produire de l’eau glacée qui sert à climatiser 730 usagers. Pour l’essentiel, des bureaux, des hôtels, des grands magasins, mais aussi des musées, comme le Louvre et le musée du quai Branly ou encore l’Assemblée nationale.

L’opérateur, dont le contrat de concession de vingt ans avec la Ville de Paris a démarré le 5 avril dernier, s’est engagé à passer de 2 % de production à 11 %. Une étude de l’Apur1 a par ailleurs mis en évidence des potentiels de densification considérables en doublant la distribution de ce type de froid là où le réseau existe déjà et en connectant le réseau à des lieux critiques accueillant du public vulnérable (hôpitaux, Ehpad, crèches…), ainsi qu’à des lieux publics comme les musées.

Une infrastructure stratégique

Ce réseau de froid urbain, le plus grand d’Europe et le onzième mondial, est une infrastructure stratégique dans la politique de transition énergétique et dans la réponse aux futures canicules, enjeu majeur pour la capitale2. C’est également une alternative probante par rapport aux systèmes autonomes de climatisation, très énergivores et très émetteurs de gaz à effet de serre. L’objectif est de tripler d’ici à 2042 la taille de ce réseau, pour le porter à 252 km et en faire le plus grand au monde. Couvrant actuellement 43 % du territoire, l’idée est de l’étendre à toute la ville. Vingt nouvelles centrales de production et dix installations de stockage doivent par ailleurs être construites pour desservir plus de trois mille sites.

La CGT porte des solutions techniques face au réchauffement

Fraîcheur de Paris, qui exploite également quatre sites de stockage dans la capitale, fournit actuellement près de 400 GWh de froid par an. Il est prévu de raccorder au réseau de froid des crèches, des écoles, des hôpitaux ou des Ehpad. Mais, en l’absence d’investissements majeurs de la part d’Engie et de la RATP, cela concernera en revanche assez peu de logements. C’est évidemment ce que porte la CGT, pour qui des solutions techniques existent pour lutter contre le réchauffement climatique, pour peu que l’État et les élu·es des institutions reprennent la main sur le marché et son unique boussole : la rentabilité. C’est évidemment ce que portent les camarades de Fraîcheur de Paris, récemment organisés dans la CGT.

Quelle structuration pour les récent·es syndiqué·es ?

Mais outre les propositions concrètes, les camarades ont également à cœur de défendre leurs revendications en termes de salaire, d’emploi et de conditions de travail. Reste à savoir si ces camarades continuent de s’organiser en lien avec l’Union locale du 12e arrondissement, s’ils créent un syndicat, ou s’ils rejoignent un syndicat déjà constitué. Car, pour la CGT, la question se pose plus que jamais et face aux évolutions du salariat, notamment avec le grand nombre de salarié·es qui l’ont rejointe ces derniers mois, quelle organisation collective permettra la plus grande efficacité sur le lieu de travail et apportera des réponses concrètes aux nouveaux et nouvelles syndiqué·es ?

C’est bien en répondant à ces enjeux que l’on pourra construire l’indispensable rapport de force nécessaire à la satisfaction des revendications, car avec des syndiqué·es isolé·es (pour différentes raisons), des syndiqué·es coupé·es de leur syndicat, pas informé·es, et à qui on ne propose pas la possibilité de se former, c’est à coup sûr un coup d’épée dans l’eau et un état d’organisation voué à décliner.

1. Atelier parisien d’urbanisme.

2. Voir le rapport du conseil de Paris « Paris à 50 °C ».