En France, plus de mille accidents mortels du travail et de trajet sont recensés chaque année pour les seul·es salarié·es du privé dépendant du régime général de Sécurité sociale, sans compter les accidents du travail non recensés des fonctionnaires, des indépendants et autoentrepreneurs, travailleurs détachés, livreurs, chauffeurs et autres travailleurs des plates-formes. Vite, agissons, à Paris comme ailleurs.

Il s’appelait Seydou Fofana. Il avait 22 ans. Cet ouvrier malien qui travaillait sur le chantier de la ligne 17 du Grand Paris Express est décédé le 6 avril à Gonesse, écrasé sous un bloc de béton. Pour la CGT, cette tragédie n’est pas un fait divers. Mourir au travail est un fait social, politique.

Initiatives multiples

Depuis que le capitalisme sévit, la classe ouvrière a toujours été meurtrie par des morts individuelles et par des tragédies collectives au travail. Et ça continue. Si les catastrophes minières et industrielles ont fait la une de l’actualité, les accidents du quotidien passent relativement inaperçus. Heureusement, des fédérations CGT sont en veille, dénoncent et agissent pour supprimer les risques. L’année dernière, l’UD de Paris et son Collectif sous-traitance nettoyage s’étaient saisis de la mort de deux salariés parisiens du nettoyage. Remercions aussi Matthieu Lépine pour son travail de recensement et d’information, par son compte Twitter, sur la mort au travail.

Le 28 avril 2022, un collectif comprenant plusieurs organisations syndicales (dont l’UD de Paris) et associatives avait organisé un rassemblement devant le ministère du Travail, puis adopté un manifeste unitaire. Le 4 mars 2023, le collectif « Familles : stop à la mort au travail » organisait un rassemblement à Paris, avec le soutien de la CGT et de Solidaires. Les familles endeuillées, désormais regroupées et mobilisées, étaient reçues par le ministère du Travail. Le 28 avril 2023, plusieurs initiatives ont eu lieu à Paris : un rassemblement unitaire devant le ministère du Travail, une montée à Paris organisée par la fédération CGT de la construction, l’inauguration d’une plaque commémorative à la Bourse du travail en lien avec la Ville, et une réunion unitaire.

Ce n’est pas une fatalité

Il nous faut contraindre les employeurs à assurer leurs obligations de santé et de sécurité des travailleur·ses, agir pour la reconnaissance des accidents du travail et des maladies professionnelles. Nous revendiquons le rétablissement des CHSCT, le doublement des effectifs de l’inspection du travail et des services de prévention. Il faut désengager la médecine du travail de l’emprise patronale. La lutte doit se mener syndicalement dans les entreprises et dans les administrations, avec une vigilance accrue là où se concentrent nombre d’accidents du travail : dans la sous-traitance, l’intérim, l’apprentissage, et chez les micro-entrepreneur·ses.

Nous continuerons aussi à agir auprès des institutions : (’Assemblée nationale, les ministères, les préfectures, la Justice, sans oublier les organismes de Sécurité sociale. Nous rendrons publiques nos alertes, nos dénonciations, nos revendications. Nous n’avons pas fini de nous réunir, de communiquer auprès des médias et de manifester. Car les accidents du travail, les maladies professionnelles, la souffrance au travail, les licenciements pour inaptitude ne sont pas une fatalité, pas plus que les accidents industriels.

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Des livres

  • Accidents du travail. Des morts et des blessés invisibles, de Véronique Daubas-Letourneux, éditions Bayard, septembre 2021.
  • Mourir de son travail aujourd’hui. Enquête sur les cancers professionnels, d’Anne Marchand, Éditions de l’Atelier, octobre 2022.
  • L’Hécatombe invisible. Enquête sur les morts au travail, de Matthieu Lépine, Le Seuil, mars 2023.
  • Santé au travail et luttes de classes, de Philippe Saunier, Éditions Syllepse, mars 2023. Citons justement Philippe Saunier, notre camarade CGT havrais de la pétrochimie : « Quand on veut sacrifier sa santé pour son emploi, en général, on perd les deux. »

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Extrait du document d’orientation adopté au 53e Congrès de la CGT

« La prévention des risques professionnels est un axe revendicatif majeur, le mal-vivre, la maladie, la mort au travail sont à bannir. Le travail ne doit pas être synonyme de souffrance mais un vecteur d’émancipation. On ne peut pas accepter de mal-vivre, d’être malade et surtout de mourir au travail.

« Chaque année, plus de mille personnes meurent au travail, la France bat des records européens. La CGT est aux côtés des victimes. Nous devons imposer une véritable politique de prévention des risques professionnels, gagner la reconnaissance des maladies professionnelles et des accidents du travail (objets d’une sous-déclaration massive). »