Les jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) 2024 viennent de prendre fin. Au-delà de la cérémonie d’ouverture qui en a ébloui plus d’un, au-delà des exploits des athlètes, la CGT avait surtout une idée en tête : que lors de cet événement hors normes, le droit du travail ne soit pas hors-jeu.
C’est dès 2015 qu’un collectif confédéral sur les JOP a été mis en place. Il a travaillé depuis lors sur la « charte sociale des JOP », en particulier autour de la sécurité des salarié·es des chantiers de construction. Mais la signature de la charte sociale par la CGT n’était pas un blanc-seing donné au patronat dans le but d’acheter une « paix sociale », et nous savions que nous devrions être particulièrement vigilant·es. Pour exemple, c’est une excellente chose que les contrôles de l’inspection du travail se soient multipliés sur les chantiers, permettant, avec d’autres mesures, de baisser le taux d’accidents du travail dans ce secteur dangereux. Mais cela s’est fait sans hausse des effectifs des inspecteurs et inspectrices du travail. Ce qui signifie que les autres entreprises ont été moins contrôlées pendant ces périodes. Cet épisode démontre la place centrale des inspecteurs et inspectrices du travail, mais aussi que les accidents du travail graves et mortels ne sont pas une fatalité dans le secteur du BTP. Il démontre aussi qu’il faut désormais former et recruter en nombre des inspecteurs et inspectrices pour que tous les lieux de travail bénéficient de cette protection.
Le Numéro vert de la CGT
À partir de la fin de l’année 2023, les JOP approchant, est apparue la nécessité de coordonner les unions départementales concernées et les fédérations afin que la CGT soit présente aux côtés des salarié·es pendant l’événement. En effet, la capitale s’apprêtait à accueillir un événement rare par son gigantisme : étaient attendus quinze mille athlètes et quinze millions de visiteur·ses. Cent quatre-vingt-un mille emplois allaient être mobilisés. Treize millions de repas allaient être servis et un million de trajets supplémentaires dans les transports étaient prévus (à signaler d’ailleurs que les transports en commun ont parfaitement bien fonctionné, comme quoi, quand on veut s’en donner les moyens…). Le tout pour un budget de neuf milliards d’euros.
C’est alors qu’est né le Numéro vert de la CGT destiné aux salariés qui rencontreraient des problèmes au travail pendant ces Jeux. Le but de ce dispositif était simple : s’assurer que même au milieu de l’été, une période où nombre de camarades sont en congés bien mérités, la CGT serait en mesure de répondre à chaque salarié·e qui se tournerait vers elle. Des plages horaires ont été attribuées aux camarades volontaires, et c’est ainsi que le Numéro vert a été lancé, une semaine avant le début des épreuves olympiques et jusqu’à la fin des paralympiques. À Paris et en Seine-Saint-Denis, il a été complété par un dispositif d’accueil physique pendant les JO, qui permettait aux salarié·es de rencontrer des syndicalistes en chair et en os.
À travers ces outils confédéraux et départementaux, mais aussi via notre réseau syndical habituel, de nombreux problèmes sont remontés. Nous en avions anticipé un certain nombre, comme les questions concernant les modifications d’horaires de travail, l’imposition ou la suppression de congés. Mais certains ont été inédits. C’est ainsi qu’un salarié du nettoyage travaillant dans un grand stade s’est vu refuser l’accès à son lieu de travail car l’accréditation était en retard. Son patron l’avait alors unilatéralement supprimé des plannings et s’apprêtait à ne pas le rémunérer. Les accréditations ont d’ailleurs posé d’autres difficultés, notamment à certains de nos élus CGT, qui doivent pouvoir circuler librement sur leur lieu de travail.
Rapport de force favorable
La période a aussi été l’occasion de revendiquer avec un rapport de force favorable dans certaines entreprises. Ce fut le cas par exemple à l’Hôtel du Collectionneur. Ce 5-étoiles du 8e arrondissement était privatisé par le Comité international olympique. Mais le CIO a vite compris qu’il était arrivé dans un pays où les salarié·es se battent, quand, la veille de la cérémonie d’ouverture, des salarié·es de l’hôtel ont débrayé pour peser sur les NAO en cours. Les danseurs et danseuses de la cérémonie d’ouverture ont aussi su utiliser le retentissement de l’événement pour, avec leur syndicat, la SFA CGT, revendiquer d’être payé·es justement pour leur prestation. Bravo à elles et eux !
Le clou du spectacle, si l’on ose dire, n’a pas encore vu son dénouement à l’heure où nous bouclons ce numéro. Il semble que des centaines de salarié·es du Comité d’organisation des JOP (COJOP) aient été abusivement placé·es au forfait jours afin de ne pas payer leurs heures supplémentaires. L’alerte a été lancée par plusieurs d’entre elles et eux, qui sont désormais accompagné·es par la CGT.