Pour donner suite à la visite d’une délégation de l’UD de Paris à Sfax en janvier 2024, l’UD a reçu nos camarades Youssef Adouadni, secrétaire général de l’Union régionale UGTT de Sfax, et Mohamed Elhor, secrétaire général adjoint. Nos deux camarades syndicalistes tunisiens nous ont rendu visite du 23 au 25 octobre en compagnie du président de l’Union des travailleurs immigrés tunisiens, Fathi Tlili.

La première journée était consacrée à trois rencontres : avec le Bureau de l’UD, avec la Confédération puis avec la Fédération du textile. Nous sommes ensuite allés au théâtre La Scala pour voir la pièce Une farouche liberté interprétée par Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette, consacrée à la vie de l’immense avocate féministe franco-tunisienne Gisèle Halimi.

Le lendemain, l’UD a organisé une rencontre avec le syndicat CGT du Samu social de Paris, qui a expliqué les missions et l’organisation de ce service public qui vient en aide aux plus démunis. Nous avons parlé des difficultés, du manque de moyens, mais aussi de la lutte ponctuée de trois journées de grève depuis septembre. L’après-midi midi était consacré à la visite syndicale de la tour Eiffel. Le syndicat CGT, très implanté, nous a fait visiter les installations techniques qui actionnent les ascenseurs. Puis, lors de la visite du monument, qui accueille six millions de visiteurs par an, nous avons savouré la vue sur Paris, tout en appréciant l’excellent accueil réservé à la CGT et à l’UGTT par tou·tes les salarié·es travaillant à la tour Eiffel.

Grève générale décidée en Tunisie

Le dernier jour a commencé par une matinée avec la CGT du Louvre. Un grand rendez-vous avec la culture, l’architecture, les arts, pour le plaisir esthétique et pour lire dans les œuvres d’art des pages de l’histoire de l’humanité. Merci au camarade guide ! C’est un lieu de travail où s’activent près de deux mille agent·es du ministère de la Culture et au moins cinq cents autres salarié·es. La CGT y est très implantée. Puis nous nous sommes réuni·es l’après-midi à l’Union locale du 19e arrondissement. L’UL est cette indispensable organisation de la CGT où les syndicats d’un même territoire s’unissent pour établir un rapport de force en faveur des travailleur·ses.

Lors de la réunion avec le Bureau de l’UD, nos deux camarades ont décrit une situation tendue en Tunisie en raison du durcissement de la politique présidentielle. Les « corps intermédiaires » sont mis en cause, des terres agricoles sont « étatisées », en vérité confisquées et attribuées aux proches du président, les détachements syndicaux sont empêchés, en violation des accords en vigueur (conduisant à ce que l’activité syndicale soit principalement animée par des retraités). En riposte, l’assemblée générale qui s’est tenue du 5 au 7 septembre a décidé le principe d’une grève générale, qui reste à organiser. Rien qu’à Sfax, berceau du syndicalisme, soixante-dix camarades sont poursuivis par la police et la justice. L’UGTT bénéficie du soutien du BIT, qui s’est d’ailleurs déplacé à Tunis.

Actions communes en perspective

Pour bilan de ces trois jours, des préoccupations identiques vont conduire à nous solidariser autour d’actions communes. Ensemble nous rédigerons un relevé de conclusions pour donner suite à notre coopération syndicale internationaliste. Un premier axe de travail commun concerne les droits et libertés. Nous avons appris que le camarade secrétaire général du syndicat UGTT des autoroutes a enfin été libéré. Toujours à propos de la répression menée par le régime tunisien, la CGT avait participé à l’organisation d’un rassemblement devant l’ambassade de Tunisie à Paris le 25 mai dernier. Nous avons convenu de continuer à être pleinement solidaires, à dénoncer les atteintes aux libertés en Tunisie et en France. Autre acquis de cette visite en France, la rencontre du 23 octobre a fait émerger le projet d’une charte UGTT-CGT portant sur le respect des droits et libertés dans le secteur du textile.

Nous nous sommes aussi mis d’accord sur le fait que l’UD de Paris favorisera la mise en relation de l’UGTT de Sfax avec les dockers CGT de Marseille pour tenter de ranimer un lien historique qui s’est distendu entre les organisations syndicales de ces deux grandes villes portuaires. Par ailleurs, la rencontre avec Boris Plazzi, chargé des questions internationales au Bureau confédéral, a été constructive. En réponse à la demande d’aide à l’organisation formulée par l’UGTT, cette dernière rédigera un cahier des charges à l’attention de la CGT. Enfin, nous avons décidé de communiquer régulièrement entre nous, par courriel, en utilisant les réseaux sociaux, et de tenir un rythme trimestriel de visioconférences.