Le gouvernement de Michel Barnier vient d’être censuré. C’est la conséquence logique du choix irresponsable du président de la République et du Premier ministre de porter un budget contre le monde du travail et les catégories populaires. Budget qui comptait poursuivre une politique massivement rejetée par le pays pour continuer à servir les hauts revenus et les revenus du capital. Capital dont les idôlatres les plus fervents ont un champ lexical particulièrement limité puisque, sur tous les plateaux, c’est la même soupe qui est servie depuis quarante ans : il n’y a pas d’autre alternative que de vous serrer la ceinture, braves gens. Retraite à 60 ans, pas possible. Salaires, pas possible. Emploi, pas possible. Services publics, pas possible. Culture, pas possible. Santé, pas possible. Diminution du temps de travail, pas possible. Bref, rien n’est possible, et la dette sert à justifier l’injustifiable. Même rhétorique usée, rabougrie et employée depuis quarante ans alors que la dette tout comme le trou de la Sécu sont d’éternels prétextes aux sacrifices des plus modestes. Et si vous avez le malheur de parler recettes, augmentation des cotisations patronales ou encore baisse du taux de profit, on vous taxe immédiatement d’irresponsable qui veut le malheur du pays tout entier.

Rien de nouveau, et l’affrontement capital/travail a été plus rude par le passé qu’il ne l’est aujourd’hui. Quant à l’extrême droite, en bonne arriviste et surtout en dernier recours du capital pour préserver ses intérêts, elle est en embuscade. Les forces syndicales, et tout particulièrement la CGT, ont l’immense responsabilité de faire grandir les luttes pour imposer au futur gouvernement les revendications du monde du travail.

Et le cahier revendicatif est simple et limpide. Il tient en cinq mesures d’urgence : abroger la réforme des retraites ; augmenter les salaires et les pensions et garantir l’égalité professionnelle femmes-hommes ; mettre en place un plan massif de recrutement dans les services publics (santé, éducation, transports, sécurité, justice, organismes sociaux…) ; mettre en place un plan d’urgence pour l’emploi et le développement de l’industrie en lien avec les enjeux environnementaux ; et renouer avec une action diplomatique de la France pour la paix.

Qui paiera ? Le capital ! Et qui financera les investissements ? Les banques centrales, sous le contrôle des citoyens et de leurs représentants ! Car face aux dégâts des politiques libérales, une première décision s’impose : émanciper nos économies de leur dépendance envers les marchés financiers en imposant une autre utilisation de l’argent des banques et des banques centrales, au service du développement des capacités de tous les êtres humains, et non plus de la seule rentabilité du capital.

L’erreur, aujourd’hui, serait de se laisser aller au fatalisme. Au contraire, il faut susciter l’espoir, et la séquence politique doit nous pousser à l’offensive. Notre responsabilité n’est pas de nous lamenter ou de faire des constats, mais bien d’organiser, de faire grandir la CGT sur le lieu de travail et de susciter l’espoir d’un changement profond.

Oui, la période est pleine d’incertitudes, mais elle est aussi source d’opportunités. Laisser la colère conduire au fatalisme fait le lit de l’extrême droite, et le syndicalisme – la CGT en particulier – a des responsabilités pour ouvrir des alternatives et des perspectives. C’est ce qu’elle fait en appelant à la mobilisation et en appelant chaque travailleuse et chaque travailleur à la rejoindre.