Plus d’un mois de grève pour des effectifs supplémentaires et une prime. La clientèle est solidaire et la direction sur le recul. Récit.

Le 8 décembre dernier, une trentaine de salariés de la FNAC Saint-Lazare cessent le travail et se rassemblent devant les locaux de la direction pour exiger l’amélioration immédiate de leurs conditions de travail. Les revendications sont portées principalement par les libraires du magasin, qui réclament depuis plusieurs mois des embauches afin de mettre fin au sous-effectif chronique. Ils vont être rapidement rejoints par leurs collègues d’autres rayons et services.

Le manque de personnel a été durement ressenti par les salariés d’un magasin resté ouvert pendant les périodes de confinement et qui a vu son activité progresser ces dernières années au point de devenir le premier chiffre d’affaires des Fnac parisiennes. C’est pourquoi, parallèlement aux revendications sur les effectifs, les grévistes revendiquent une prime de 2 000 € en compensation de l’augmentation de la charge de travail subie depuis de longs mois.

Un large soutien, interne et externe

La direction aurait pu, dès ce premier jour, constater la légitimité des demandes des salariés et s’engager immédiatement à les satisfaire. Elle va pourtant faire le choix de servir aux grévistes un discours lénifiant en se gardant bien de toute proposition concrète. Deux mois après, il s’avère qu’elle a manifestement sous-estimé la colère et la volonté des salariés.

Les grévistes de la Fnac Saint-Lazare vont rapidement construire leur mobilisation pour avoir la capacité de tenir jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Dans un premier temps, la grève va s’organiser autour de diffusions de tracts et de pétition à la clientèle, qui témoigne depuis le début d’une forte solidarité à l’égard des salariés en lutte. En alternant les piquets devant l’entrée et à l’intérieur du magasin, en pleine période de fêtes, les grévistes vont établir un rapport de force contraignant leur employeur à ouvrir des négociations.

Un large soutien interne et externe à la Fnac se développe dans le même temps. Aux côtés de la CGT Fnac de Paris, les syndicats FO, Sud et CNT de l’enseigne vont s’associer au mouvement. La caisse de grève ouverte par les grévistes a recueilli les dons de nombreuses structures CGT : Ugict Fnac, CGT Fnac (Forum, Étoile, Toulouse, Cannes…), CGT BNF, CGT Spectacles, unions locales… Nous leur renouvelons ici, au nom des grévistes, tous nos remerciements.

Des grévistes inventifs

La CGT parisienne est présente pour appuyer la mobilisation. En plus du soutien de l’US Commerce, les salariés de la Fnac Saint-Lazare peuvent notamment compter sur l’Union locale du 9e, qui met ses locaux à disposition pour la tenue des assemblées générales et les réunions préparatoires aux négociations. Des sections et syndicats professionnels du commerce ont apporté une présence régulière sur le piquet de grève : Fnac parisiennes, CGT Printemps, CGT Gibert Joseph, etc. Cette forte solidarité permet aux grévistes, dont la plupart vivent leur premier mouvement de grève, de conserver toute leur détermination.

Tandis la direction oscille entre tentatives d’intimidation et premiers reculs face aux revendications, les salariés augmentent la pression pour emporter la victoire. Après le succès d’un premier grand rassemblement le 14 janvier devant le magasin, les grévistes et leurs collègues et camarades des Fnac parisiennes ont tenu un point fixe remarqué lors de la manifestation nationale interprofessionnelle du 27 janvier.

L’inventivité des salariés mobilisés donne une mobilisation aussi décidée que dynamique. Impossible de ne pas évoquer ici le succès de la réécriture des paroles de la chanson « Résiste », transformée pour l’occasion en « Gréviste », devenue l’hymne de la lutte de la Fnac Saint-Lazare.

À l’heure où nous bouclons ce numéro, des avancées significatives ont été obtenues au cours des dernières réunions de négociation, en particulier sur les effectifs. Elles sont toutefois jugées insuffisantes par les grévistes, qui poursuivent à ce jour leur mouvement. La victoire est proche.

• Pour être informé et soutenir la grève de la Fnac Saint-Lazare, vous pouvez contacter l’US CGT Commerce Paris à l’adresse suivante : uscommerceparis@gmail.com.