Alors que les travailleur·ses francilien·nes et parisien·nes seront placé·es devant de grandes difficultés pour utiliser les transports en commun et venir sur leur lieu de travail pendant la période des jeux Olympiques et Paralympiques, alors que les habitant·es de la capitale s’interrogent sur les conditions dans lesquelles ils vont pouvoir vivre, se soigner ou circuler durant cette période, la préfecture de Paris et d’Île-de-France a annoncé, vendredi 15 décembre, l’application d’une dérogation permettant aux commerces de rester ouverts le dimanche, sous prétexte d’une « affluence exceptionnelle »…

La dérogation permettant aux commerces de rester ouverts le dimanche permettra ainsi aux patrons de supprimer le repos dominical des salarié·es du 15 juin au 30 septembre 2024. Ces seize dimanches viennent s’ajouter aux douze déjà autorisés par la maire de Paris, qui a sur ce sujet une position maximaliste au regard de la loi. Tout cela sans prendre en compte qu’il existe déjà une multitude de zones touristiques internationales, de zones commerciales, ou encore les gares parisiennes, où le travail du dimanche est autorisé toute l’année.

Pourtant, Marc Guillaume, préfet d’Île-de-France, sourd aux demandes des organisations de salarié·es et particulièrement de la CGT, n’a pas hésité à étendre cette dérogation à quinze des vingt arrondissements parisiens. Seuls les 10e, 11e, 13e, 14e et 20e arrondissements ne sont pas concernés… pour l’instant. Car les patrons du secteur, dont les revendications ont été largement satisfaites par le gouvernement et la préfecture, ne l’entendent pas de cette oreille, décrivant une situation ubuesque et qui placent les commerces en concurrence. Avec à leur tête la Fédération des associations des commerçants et des artisans, ils exigent dès à présent l’extension de la dérogation à tout Paris.

De l’exceptionnel au permanent

Cette éternelle rengaine, les salarié·es du commerce la connaissent trop bien, et plus particulièrement sur le sujet du travail dominical et du travail de nuit. C’est toujours au nom d’évènements exceptionnels que sont accordées, dans un premier temps, les dérogations sur le temps de travail dans ces secteurs. Puis viennent les demandes de généralisation de ces dispositifs « exceptionnels » par les représentants patronaux, que le gouvernement s’empresse de satisfaire en prétextant que salarié·s et patron·nes ne s’y retrouvent pas et qu’il faut simplifier.

Quant aux « branches d’activité concernées » par l’arrêté, elles sont censées être, selon le communiqué de la préfecture, « les plus à même de satisfaire les besoins du public pendant les Jeux ». On y retrouve pourtant pêle-mêle le commerce de détail alimentaire, les articles de sport et loisirs, les magasins multicommerces, les grands magasins, l’habillement prêt-à-porter, mais aussi, de manière plus surprenante, la librairie-papeterie ou encore les cycles et motocycles. Au cas, sans doute, où des touristes venu·es pour assister aux Jeux souhaiteraient repartir à vélo ou à scooter.

Fausse carotte et vrai bâton

De dérogation en dérogation, c’est bien, en tout cas, l’ouverture sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et dans toute la capitale que visent les grands groupes de la distribution. Ces derniers se livrent en effet une guerre acharnée en détruisant leurs concurrents plus petits, incapables de suivre le rythme de ces amplitudes d’ouverture. Cette guerre se mène aussi sur le dos des salarié·es, avec pour résultat des enseignes en grande difficulté ou en procédure de liquidation et des milliers d’emplois supprimés, dans l’habillement ou le commerce alimentaire par exemple.

La CGT Commerce Paris et l’UD 75 se sont engagées de longue date contre le travail du dimanche et de nuit. Nos organisations ont inlassablement dénoncé, depuis les premières dérogations et tout au long de ces dernières années, les prétextes que constituent de prétendus effets bénéfiques sur l’emploi ou l’économie, ou encore le prétendu volontariat. Les faits nous ont toujours donné raison. Nous continuerons donc à nous battre contre le travail dominical et pour l’intérêt général des salarié·es.