La CGT est une composante importante du mouvement antifasciste actuel. Celui-ci est vital afin d’apporter de la résistance, des analyses et des perspectives dans un monde devenu très dangereux. Notre organisation syndicale agit à tous les niveaux : à Paris, au niveau national, en Europe et en réseau syndical international. Bilan de la dernière période.

Les années 2020 sont caractérisées par les expériences passées Trump-Bolsonaro et par un gouvernement Meloni actuellement soutenu par l’extrême droite et la droite italiennes. En France, quatre-vingt-huit députés Rassemblement national (RN) ont été élus en 2022 et les intentions de vote pour l’extrême droite aux élections européennes sont très supérieures à 30 %.

Le 15Congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est tenu à Berlin en mai 2023. Il a adopté une charte des valeurs qui développe les idées de paix, celles de démocratie, d’égalité, et affirme un engagement à lutter contre l’extrême droite. Face aux guerres, aux plaies ouvertes du colonialisme, aux répressions, au climato-scepticisme, aux replis identitaires, aux effets de la pandémie de Covid, la charte de la CES apporte un bol d’air frais qui nous inspire. Prendre date dans cette période de bascule – lire à ce propos Il est minuit moins le quart de Sophie Binet –, c’est aussi écrire la chronologie d’une lutte antifasciste qui franchit les frontières.

Trois au départ, cinquante à l’arrivée

Le 9 octobre 2021, le siège de la CGIL à Rome était attaqué par les néofascistes. Au même moment, trois organisations parisiennes (CGT, Solidaires et la Jeune Garde antifasciste) prenaient l’initiative d’une manifestation contre les idées de Zemmour. À l’arrivée, une cinquantaine d’organisations appelaient à la manifestation du 5 décembre.

En 2022, un réseau mondial syndical antifasciste voyait le jour à l’initiative de syndicalistes d’Europe et d’Amérique latine. Puis la CGT était coorganisatrice de la manifestation du 3 avril. Le 7 avril, une banderole « Face à l’extrême droite, résistance » était déployée du haut de la porte Saint-Martin. Les scores de Marine Le Pen (huit millions de voix au premier tour, treize millions au second tour) et de Zemmour constituaient un nouveau choc politique. En octobre, Giorgia Meloni accédait à la présidence du Conseil des ministres italien. Avec d’autres organisations, la CGT Paris appelait à un rassemblement le 5 novembre devant l’Institut du monde arabe à l’occasion des 50 ans du Front national.

L’année 2023 a été marquée par le congrès de la CGT fin mars puis par celui de la CES, du 23 au 26 mai, qui a adopté sa charte des valeurs. Le 17 juin, une grande réunion se tenait à la Bourse du travail de Paris dans la salle Ambroise-Croizat. Visa (Vgilance et initiatives syndicales antifascistes) en était l’instigateur. C’est le 5 octobre que la CGT réunit à Montreuil des centaines de camarades lors de son colloque intitulé « La CGT résolument à l’offensive contre les idées d’extrême droite, non au racisme, non à l’antisémitisme ». Après l’effroyable 7 octobre, Israël, gouverné par la droite et l’extrême droite, engageait une guerre pour massacrer les Palestiniens de Gaza. Le 9 novembre, face à la montée des actes antisémites dans le pays et en Europe, la CGT appelait à participer au rassemblement organisé par le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (RAAR) devant le gymnase Japy. Lors de ce rassemblement, hommage a été rendu aux victimes de la Nuit de cristal nazie et de tous les génocides.

Une activité de masse sur les lieux de travail

Avec d’autres organisations, l’UD de Paris a organisé le 10 février 2024 des débats portant sur février 1934 (offensive fasciste et riposte unitaire antifasciste), puis une manifestation unitaire dans les rues de Paris.

Le 21 février, Sophie Binet prononçait un remarquable discours à l’occasion de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian. Il y était question de la résistance contre le nazisme et de l’engagement de travailleurs étrangers dans le nécessaire combat. Le parallèle avec les luttes actuelles de travailleur·ses sans papiers y fut exposé.

Le 15 mars, les 80 ans du programme du Conseil national de la Résistance étaient célébrés à l’initiative de la CGT, en présence d’historiens et des premiers responsables des organisations CFDT, FO, UNSA, FSU et Solidaires. Là encore, la force de l’unité face au péril fasciste résonnait tant au passé qu’au présent.

À la Bourse du travail de Paris, le 16 avril, la CES organisait un débat avec la présidente du DGB allemand, le secrétaire général de la CGIL italienne et les principaux responsables de la CGT, de la CFDT et de l’Unsa. Le constat partagé de la montée des extrêmes droites en Europe donnait lieu à une volonté d’agir dans chaque pays, tout en partageant les expériences de nos confédérations.

Citons encore le village antifasciste organisé le 11 mai place du Panthéon pour faire face à la manifestation de centaines de néonazis le même jour. La CGT y prit la parole pour dénoncer le rôle de l’extrême droite dans la recomposition des médias et pour démasquer son imposture sociale.

« Qui a peur de la lutte contre l’antisémitisme ? Pour une gauche réellement antiraciste. » Tel était le thème de la réunion publique organisée le 23 mai par trois formations de gauche, RAAR, Golem et JJR. L’UD de Paris a accueilli cette réunion à la Bourse du travail et y a pris la parole.

Enfin, le tract de l’UD de Paris « Défendre les droits des femmes, c’est combattre l’extrême droite » vient d’être mis à disposition des organisations parisiennes de la CGT. Toutes ces initiatives ont eu pour but d’armer les militant·es de la CGT, et au-delà, afin de toujours mieux dénoncer les théories inégalitaires et démasquer l’imposture sociale de l’extrême droite. La CGT parisienne peut aussi être fière des grèves de travailleur·ses sans papiers menées depuis 2008 ; elles ont été d’extraordinaires moments de solidarité de classe pour gagner l’égalité des droits et lutter contre le racisme et la xénophobie. L’enjeu actuel est de mener une activité de masse sur les lieux de travail pour faire reculer les idées d’extrême droite à partir des argumentations et expériences acquises.

Voir aussi : Le fascisme est l’ennemi du syndicalisme