Le forum social « European Common Space for Alternatives » s’est tenu à Marseille du 26 au 28 avril. La CGT y était représentée dans un débat portant sur la lutte contre le fascisme, avec nos camarades italiens et espagnols. Il s’agissait de faire vivre le Réseau mondial des syndicats antifascistes. Animé par Antoine Chauvel de la FSU, le débat mobilisait trois intervenant·es : Nicoletta Grieco de la CGIL italienne, Enrique Carmona des Commissions ouvrières espagnoles et Benoît Martin de la CGT.
Les interventions de Nicoletta et de Enrique furent très intéressantes. Nos trois organisations syndicales sont en phase et les débats avec la salle furent très riches. Les mobilisations avec les immigrés et contre la répression policière ont été abordées.
La CGT a exprimé son inquiétude à l’égard du poids de l’extrême droite en France. Nous menons la bataille idéologique en incluant un éclairage historique. En particulier, nous travaillons l’histoire du XIXe siècle (royalisme et antisémitisme), celle des années 1930, la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Algérie. Nous combattons les théories inégalitaires, identitaires, suprémacistes, racistes, sexistes, nationalistes. Nous tordons le cou aux fake news. Par exemple, il n’existe pas de grand remplacement : sur une population totale avoisinant soixante-dix millions d’habitants, sept millions d’immigrés dont cinq millions d’étrangers vivent en France.
En 2025, l’Arcom attribuera les chaînes TV de la TNT. Cela se joue en ce moment. Or C8 et Cnews sont des médias d’opinion d’extrême droite et pas des chaînes généralistes. Plus largement, depuis plusieurs années, une partie du discours médiatico-politique cultive le thème « Quelle est ton identité, ta communauté ? » alors que le syndicalisme pose la question « À quelle classe sociale appartiens-tu ? »
Il nous revient de démasquer l’imposture sociale du RN et de développer les luttes sociales, syndicales débouchant sur du progrès social. Le fascisme est l’ennemi du syndicalisme et l’ami du corporatisme. Face au repli identitaire, il est pour la collaboration de classe. Il nous incombe donc de développer la conscience de classe.
Face aux sentiments de fatalité, de relégation, de désespoir, le rôle du syndicalisme est de contribuer à construire des alternatives sociales et environnementales. Nous combattons à la fois le néolibéralisme et le néofascisme. D’ailleurs, ces deux « néo » s’entendent très bien, comme nous le constatons en Italie et en France.
La CGT a expliqué comment elle mène sa campagne contre les idées d’extrême droite, à partir de la formation syndicale, de colloques, de tracts, d’argumentaires et de la presse CGT. Elle agit dans plusieurs cadres unitaires : Visa en France, la CES et le Réseau mondial des syndicats antifascistes. Son manifeste a été signé en 2022 après l’attaque fasciste subie par la CGIL à Rome. Des visioconférences ont ensuite eu lieu réunissant des organisations syndicales, surtout d’Amérique latine et d’Europe. Le rôle historique et actuel de l’internationalisme syndical est de développer des coopérations et d’échanger les expériences. La montée du fascisme est un phénomène planétaire, qui nécessite le développement du Réseau mondial des syndicats antifascistes.
voir aussi : Antifascisti urbi et orbi