En matière d’environnement, nous faisons face à trois grandes crises planétaires : le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’accumulation des pollutions, notamment celle de l’air. Cette dernière désigne l’ensemble des gaz et particules présentscules présents dans l’atmosphère, nocifs pour la santé humaine lorsqu’ils sont inhalés. Selon l’OMS, à l’heure actuelle, sept millions de personnes décèdent prématurément chaque année dans le monde en raison de l’exposition à la pollution de l’air, extérieure et intérieure, soit un décès sur huit. Et à Paris ?

L’Organisme régional de santé Île-de-France (ORS-IDF) estime que la pollution de l’air est responsable de près de mille huit cents décès prématurés chaque année, en plus de générer de nombreuses pathologies invalidantes. Cela correspond à un an de perte d’espérance de vie par adulte. Toutes et tous ne sont pas logés à la même enseigne : les personnes âgées, les très jeunes, celles et ceux souffrant de maladies respiratoires et cardiovasculaires, les personnes pauvres et celles dont les conditions de travail les exposent à des polluants de l’air supplémentaires en milieu professionnel sont particulièrement vulnérables face à la pollution de l’air.

Des améliorations

Néanmoins, contrairement à certaines idées reçues, la qualité de l’air a globalement été améliorée ces dernières décennies dans Paris. Cette amélioration n’est pas venue du bon vouloir des entreprises mais de la mise en place de normes, réglementations et politiques publiques européennes, françaises et locales. Les concentrations de polluants les plus nocifs ont globalement diminué au cours des dix dernières années : – 40 % en moyenne pour le dioxyde d’azote, – 25 % pour les particules fines, stagnation de l’impact sur la santé de l’ozone de basse altitude. Mais la situation n’est pas encore satisfaisante : la pollution de l’air a encore un impact sanitaire passif dans la capitale.

Ces informations importantes peuvent être connues grâce au travail mené par Airparif et ses près de soixante-dix salarié·es, qui non seulement surveillent la pollution de l’air en Île-de-France mais évaluent aussi l’efficacité des politiques publiques. Mais ces salariés ne sont pas les seuls à pouvoir contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air.

Parmi les secteurs émetteurs de polluants de l’air à Paris, deux se distinguent particulièrement : les transports et les moyens de chauffage. Les véhicules thermiques, diesel et essence, y sont responsables de la moitié des émissions de dioxyde d’azote et d’une part importante de la pollution aux particules fines et à l’ozone de basse altitude. Tous ceux qui, par leur travail, favorisent le remplacement des véhicules thermiques par des trains, des métros et des RER, des bus, des vélos ou des véhicules électriques de taille raisonnable, et enfin qui contribuent à peser sur la stratégie de leur entreprise en la matière participent activement à l’amélioration de la qualité de l’air.

Un outil syndical adapté

Concernant le chauffage, deux modes sont particulièrement polluants : le chauffage au bois et le chauffage au gaz. Le chauffage au bois, bien que ne fournissant que quelques pourcents de l’énergie utilisée pour le chauffage à Paris, est responsable de plus de la moitié des émissions de particules fines. Le chauffage au gaz est quant à lui responsable de près d’un tiers des émissions d’oxyde d’azote. Les salarié·es qui œuvrent à remplacer ces modes de chauffage polluants par des moyens de chauffage qui n’en émettent pas, comme les pompes à chaleur ou les réseaux de chaleur basés sur la géothermie, et à rénover thermiquement les bâtiments, jouent un rôle crucial dans l’amélioration de la qualité de l’air. Là encore, ceux qui se mobilisent pour transformer la stratégie de leur entreprise en conséquence y participent aussi activement.

Pour cela, il est essentiel que les salarié·es puissent s’organiser pour influencer la transformation écologique de leur activité, en modifiant non seulement les modalités de production mais aussi les finalités mêmes de la production. Pour cela, la CGT a mis en place le Radar Travail Environnement, un outil qui offre à tous les syndicats la possibilité de faire un état des lieux de la stratégie environnementale de leur entreprise, de revendiquer les transformations écologiques identifiées comme nécessaires, et plus globalement de contribuer à la construction d’une société écologiquement soutenable au bénéfice des salarié·es, en anticipant les formations et les reconversions parfois nécessaires.