De la cellule familiale à l’Humanité (très beau titre pour un journal) tout entière en passant par la tribu, le village, le quartier, la commune, la région, le pays, les humains vivent essentiellement en groupes. Nous sommes grégaires. Le fait d’appartenir à un groupe humain permet d’être écouté, de jouer un rôle dans le groupe, de bénéficier d’une solidarité, d’avoir une forme de reconnaissance, et parfois même de se réaliser.

À quoi notre appartenance à un groupe fait-elle référence ? À la tradition ? À la reproduction à l’identique par habitude ou par fidélité ? À des croyances ? À une langue vivante qui permet de nous comprendre ? Oui, tout cela existe, mais attention aux dérives identitaires, communautaristes, et aux nationalismes qui montent les gens les un•es contre les autres. Luttons contre ces replis facteurs de haine. Mieux vaut faire référence à certaines fulgurances de l’histoire populaire, à des moments de rupture allant dans le sens de l’émancipation humaine. Ainsi, la Commune de Paris, dont nous allons évoquer les 150 ans en 2021, est une séquence historique qui nous inspire encore aujourd’hui.

Nous appartenons à la classe ouvrière, à ce groupe humain très majoritaire de celles et ceux qui vivent de leur travail et qui sont exploité•es par une minorité de capitalistes. La lutte des classes prend acte d’un antagonisme fondamental et doit conduire à l’unification des exploité•es, des dominé•es, des opprimé•es.

La classe ouvrière elle-même s’organise en groupes humains, pas par tradition mais par choix et par nécessité. Ainsi, c’est en1864 qu’est née l’Association internationale des travailleurs (Ire Internationale). Peu de temps après, en 1884, la loi Wal deck-Rous seau autorisait les groupements professionnels, les associations de travailleurs, les syndicats. La CGT naissait dans la foulée, il y a cent vingt-cinq ans. La communauté de travail est au commencement de la libre association des travailleur•ses dans le but d’améliorer les conditions de vie et de travail.

Appartenir à un groupe humain ne signifie pas perdre sa personnalité, sa liberté de pensée, sauf si l’on est membre d’un groupe sectaire. « Appartenir » est un mot qui renvoie à des connotations tant positives que négatives. Le titre du « thriller » Tu m’appartiens de Mary Higgins Clark donne une idée de cette connotation négative.

En France existe un groupe humain de 47 millions de citoyen•nes inscrit•es sur les listes électorales, citoyen•nes auxquel•les nous nous sommes adressé•es l’année dernière pour tenter d’obtenir 4,7 millions de soutiens à la tenue d’un référendum contre la privatisation totale d’ADP. Parfois, des citoyen•nes se retrouvent dans un groupe en ayant été tiré•es au sort (juré•es d’une cour d’assises, Convention citoyenne pour le climat) et assument leur rôle avec sérieux.

Plus que jamais, rassemblons-nous autour des droits sociaux et des droits civiques. Luttons pour l’égalité des droits, pour le respect des droits, pour la conquête de droits nouveaux.

Benoît Martin,
secrétaire général de l’union départementale CGT de Paris

Télécharger Le Travailleur parisien d’octobre 2020.