Après le départ de milliers de généralistes, l’Île-de-France a fait la une de la presse en devenant le premier désert médical de France. Et la capitale est elle aussi concernée. Si Paris compte une densité de médecins deux fois supérieure à la moyenne nationale, la désertification médicale s’étend néanmoins avec la réduction incessante des services publics et l’absence de réponse médicale due au manque de praticiens conventionnés secteur 1. Du côté des spécialistes, seuls deux sur dix sont affiliés au secteur 1. Difficile, dans de telles conditions, de se soigner sans se ruiner, surtout avec ce paradoxe : c’est dans les arrondissements les plus pauvres qu’on trouve les praticiens les plus chers.

« À Paris, le secteur 1 est en train de disparaître, et nous voyons fleurir des secteurs 2 tous azimuts », a déploré une élue municipale. Aujourd’hui, on a une population vieillissante, qui réclame par conséquent davantage de soins, mais avec moins de médecins, qui travaillent moins, et ne font plus de visites à domicile. À Paris, il faut en moyenne quinze jours pour obtenir un rendez-vous avec un généraliste et jusqu’à deux mois avec un spécialiste. Et rares sont les retraité·es qui font le choix de rendez-vous via des plates-formes de réservation ou en visioconférence avec des médecins qu’ils n’ont jamais consultés.

Un parcours semé d’embûches

En revanche, un nombre grandissant de retraité·es sont confronté·es à la cessation d’activité de leur médecin de famille. Commence alors un parcours semé d’embûches, ne serait-ce que pour un renouvellement d’ordonnance. Les témoignages se multiplient de retraité·es qui renoncent à des soins faute d’avoir trouvé un médecin au moment où le besoin se faisait sentir. La paupérisation du secteur public au bénéfice du privé et la bureaucratisation du système de soins entraînent les difficultés que nous vivons pour nous soigner.

À cela s’ajoute le montant du reste à charge qui ne cesse de progresser. La prise en charge intégrale des médicaments n’existe plus. Hormis pour les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire ou de l’Aide médicale d’État, c’est désormais une retenue d’un euro qui s’applique pour chaque boîte de médicaments délivrée. Il s’agit de soulager le déficit de la Sécurité sociale, dû en particulier aux allègements de cotisations sociales des employeurs. Y compris ceux qui distribuent chaque année de juteux dividendes à leurs actionnaires. C’est un peu comme si chaque patient·e cédait un euro au profit des entreprises.

Une autre difficulté majeure prend de l’ampleur. La casse du service public hospitalier prive, en particulier les plus démunis, de lieux de soins. Tout comme la médecine scolaire se préoccupait de la bonne santé des élèves, les dispensaires assuraient le suivi médical de proximité de la population. Leurs rôles préventif et curatif ont disparu. Reste la « jungle », où chacun·e doit se débrouiller.

Pour des centres de santé dans chaque arrondissement

S’ajoutent à cette situation, les centres de santé associatifs ou mutualistes en voie de fermeture. Et ce ne sont pas les « maisons de santé », établissements privés lucratifs avec dépassements d’honoraires, qui fleurissent ici ou là qui peuvent les remplacer. Nombreux·ses sont les retraité·es qui ne peuvent pas avancer l’argent de leurs soins (11 % n’ont pas d’assurance complémentaire). Certes, il reste bien quelques centres de santé municipaux dans Paris. Au nombre de sept, et situés dans cinq arrondissements (3e, 5e, 13e, 14e et 18e), ils sont bien insuffisants. C’est la raison pour laquelle les militant·es parisien·nes de l’USR 75 revendiquent la création ou la réhabilitation dans chaque arrondissement de la capitale de centres de santé municipaux pluridisciplinaires et pratiquant le tiers-payant. Ils l’ont affirmé avec force lors de leur dernier congrès.

Dans le prolongement, l’USR a proposé aux autres organisations de retraité·es, le « Groupe des 9 », d’exiger de manière festive l’ouverture d’établissements dans chaque arrondissement où ils manquent en participant à un « pique-nique pour la santé » sur le parvis de la mairie de Paris. Il faut inverser la tendance. Les retraité·es parisien·nes, comme toute la population de la capitale, doivent pouvoir se soigner sans avancer de frais dans des établissements publics, pluridisciplinaires et de qualité. C’est le sens de notre revendication.