C’est dans un contexte de restructurations permanentes que ce sont déroulées les élections à La Poste – dernière entreprise du pays à subir les nouvelles règles de représentativité voulues par le gouvernement socialiste puis aggravées par les lois Macron –, alors que la casse du service public postal malmène le personnel comme les usagers.
La mise en place des CSE signe une modification en profondeur de la représentation des postières et postiers. Malgré cela, à l’heure où La Poste accentue son désengagement de ses missions de service public, la CGT entend continuer à combattre avec l’ensemble du personnel les orientations néfastes de l’entreprise, notamment en appelant à l’unité d’action syndicale.
Seulement cinq organisations syndicales demeurent représentatives : CFDT (26,07 %), CGT (23,67 %), FO (21,71 %), Sud (18,46 %) et CFE-CGC (10,10 %). La CGT est première dans douze établissements, la CFDT dans dix, FO dans quatre, Sud dans trois, la CFE/CGC dans deux, et l’Unsa dans un.
La CGT est également première organisation syndicale en termes d’élus avec 398 sièges dans l’ensemble des collèges. Mais si elle reste première dans le collège 1 (employés), précédant le second de 3 759 voix, et dans le collège 2 (techniciens et maîtrise, + 296 voix), elle accuse un retard très important sur la CFDT dans le collège 3 : – 6 181 voix. Preuve qu’il faut tenir tous les collèges pour retrouver la première place.
Participation en baisse
Depuis la mise en place du vote électronique, les élections ne sont plus un moment collectif dans les services mais une question individuelle. La participation est d’ailleurs une nouvelle fois en baisse, de 8,91 % par rapport à 2018, avec un collège 1 qui s’abstient massivement. Le vote électronique a créé une nouvelle fois une rupture d’égalité dans l’accès au vote. Pour preuve la différence de participation entre les collèges : 73,28 % pour les cadres, 66,01 % pour les techniciens et agents de maitrise, et seulement 58,44 % pour les ouvriers et employés. Sur les trente-deux établissements, dix ont dû en passer par un second tour. Une première à La Poste. Des analyses montrent que si l’encadrement vote massivement sur le temps de travail dès les premiers jours du scrutin, les employé·es et maîtrises votent en dehors du temps de travail et pour la plupart lors des deux derniers jours du scrutin.
Résultats décevants en Île-de-France mais le nombre de voix progresse
Si la CGT demeure représentative en Île-de-France dans les deux périmètres régionaux (bureaux de poste et courrier), elle est cinquième pour le premier et quatrième dans le deuxième. C’est tout sauf une surprise quand on connaît le nombre de syndiqué·es dans certains départements et la concurrence syndicale féroce, avec des campagnes mêlant démagogie et populisme. Cela doit interroger nos syndicats franciliens et nécessiter la mise en place de plans de travail où renforcement et formation syndicale doivent avoir la priorité sur les réunions institutionnelles et internes. Le rajeunissement et une politique d’encadrement syndical ambitieuse doivent figurer au rang des priorités pour la Fapt en Île-de-France, tout comme la prise en compte de l’ensemble du salariat sur nos périmètres (maison mère, filiales, intérim, sous-traitance).
La direction a organisé l’affaiblissement de la CGT
En créant un périmètre démesuré (une région au lieu de périmètres départementaux), la direction a fait le choix d’affaiblir la présence syndicale au plus près des postier·es. Elle devra assumer les conséquences sociales désastreuses de cette remise en cause du syndicalisme de proximité. De plus en plus, les postier-es ne comprennent plus leurs fiches de paie, des retenues sont effectuées sans prévenir, les informations sont inexactes ou peu claires, remettant parfois en cause des droits élémentaires (congés, primes, autorisations d’absence, restauration, activités sociales et culturelles).
La CGT alerte également sur les annonces démagogiques et peu crédibles de certaines sirènes populistes et sur les annonces de vitrine d’organisations syndicales qui travaillent en fait avec la direction. Avec près de dix organisations qui se sont présentées, l’éclatement syndical fragilise l’unité des salarié·es et sème la confusion, pour le plus grand bénéfice de la direction et du patronat. C’est d’autant plus grave au moment où l’extrême droite monte dans ce pays. Mais ce n’est pas inéluctable, et là où les salarié·es voient la CGT, ils et elles la plébiscitent. En nombre de voix, la CGT progresse en Île-de-France. Il faut continuer de mener un syndicalisme de classe sur le lieu de travail. Seule la lutte et le rapport de force permettront des avancées sociales.