Toute l’équipe du Travailleur parisien ainsi que de très nombreu·ses camarades ont été profondément touché·es et attristé·es par la disparition brutale de notre camarade Pierrick Villette le 17 janvier. Il avait mis tout son talent et beaucoup de son temps au service du Travailleur parisien et de la CGT, couvrant de façon systématique toutes les grèves, manifs, actions et activités de nos structures (congrès, assemblées générales, comités) de ces vingt dernières années. Le TP perd son photographe attitré et nous perdons un camarade infiniment attachant et talentueux.
Nombreux sont les camarades à avoir passé de très bons moments avec Pierrick. On se marrait en sa compagnie. On le croisait aussi systématiquement à la Fête de l’Huma, et ça rigolait. Pierrick, s’il avait dessiné au lieu d’être photographe, aurait certainement (en plus du TP) intégré l’équipe de Charlie Hebdo, en tout cas celles et ceux qu’on croisait sur les stands de la Fête. On trouvait toujours le moyen de se foutre de la gueule des puissants, des sérieux, des arrogants, des prétentieux (y compris dans la CGT), et ça nous faisait marrer. Le sourire au coin de l’œil, toujours.
Il avait un talent incroyable pour capturer le meilleur de chacun. Il savait aussi mettre à l’aise celles et ceux à qui il devait tirer le portrait, et dans les manifs, qui ont été parfois extrêmement violentes et brutales ces dernières années, il faisait preuve d’un courage et d’un sang-froid sans pareils. Nous avons toutes et tous vu des clichés de Pierrick, dans le magazine Ensemble de la CGT, dans la NVO, dans Options, dans Le Travailleur parisien bien sûr, dans de nombreuses publications syndicales ou encore dans L’Humanité, le journal de Jaurès qui lui a rendu un bel hommage. Il était sur tous les fronts, les luttes, les moments démocratiques de notre organisation, les mouvements sociaux, les manifestations bien sûr, mais aussi sur les évènements mémoriels, essentiels pour que certains ne refassent pas l’histoire. Il faut le dire, les journalistes et photographes qui mettent leur talent au service du progrès social ne sont pas si nombreux, car cela demande du courage et de l’abnégation.
Dans les congrès, ses potes échangeaient des regards avec lui lorsqu’il arpentait les travées pour faire son boulot, et on se comprenait, pas besoin de parler. Ils sont nombreux les camarades à avoir une anecdote avec Pierrick à raconter. On ne s’emmerdait jamais. Ce n’est pas rien dans cette période où les puissants, les égos occupent bien trop de place dans un monde qu’ils voudraient façonner en imposant leur violence, leur médiocrité et leur ennui. Pierrick, c’était la liberté, et que ce soit aux prud’hommes, dans son syndicat (la CGT), son parti (le PCF) ou avec ses photos, il se tenait aux côtés de celles et ceux qui essaient de construire un monde plus joyeux, plus heureux.
Le Travailleur parisien est orphelin de son photographe, et c’est un merveilleux camarade qui disparaît, un de ces militants CGT qui ne se laissent pas enfermer par le conformisme parfois étouffant de nos structures et qui portait un regard aiguisé sur notre fonctionnement. Une parole libre est toujours précieuse dans l’organisation, et elle va manquer autant que son talent de photographe.
Son travail est et sera un témoignage extraordinaire de l’affrontement capital/travail de ce début de xxie siècle et constitue une « mémoire » militante irremplaçable pour notre organisation et ses futur·es militant·es mais également pour les historien·nes. L’équipe du Travailleur parisien lui rendra hommage au travers d’une publication qui montrera tout son talent et marquera l’engagement de toutes celles et ceux qui ont lutté âprement ces vingt dernières années pour leurs droits et qui se sont levés face à l’arbitraire et à la violence du patronat et du capital.
Nous adressons nos pensées les plus chaleureuses et les plus fraternelles à sa fille, à sa maman, à son frère, à sa famille, à ses proches, à ses amis, et à ses camarades.