En à peine quelques semaines de pouvoir, Donald Trump a montré l’étendue de sa violence libéral-autoritaire et des similitudes de plus en plus marquées avec les pires régimes d’extrême droite de l’Histoire. Des saluts nazis répétés de Musk puis de Bannon à l’impérialisme dévergondé affiché au sujet du Canada, du canal de Panama ou du Groënland, des déclarations ahurissantes sur l’avenir de Gaza à l’humiliation infligée au président ukrainien devant les caméras de télévision, tout montre à quel point nous avons brutalement basculé dans une ère nouvelle.

L’arrivée fracassante d’une droite extrême au pouvoir aux USA fait écho à ce qui s’est produit en Argentine, en Inde, en Italie, en Turquie ou en Israël. Lorsqu’elle n’a pas réussi à prendre le pouvoir, elle a réalisé des percées spectaculaires dans de nombreux pays, comme en Angleterre, en France et, tout récemment, en Allemagne.

Cette résurgence accompagne le néolibéralisme triomphant depuis le début des années 1980. Les capitulations des gouvernements de gauche en France et ailleurs et les dérives autoritaires face aux populations qui rejettent ces politiques continuent de faire son lit. La victoire de Donald Trump résulte avant tout de l’accroissement formidable des inégalités aux États-Unis sous Joe Biden : l’extrême droite fait son miel du ralliement inconditionnel des gouvernements de gauche (ou présentés comme tels) aux politiques néolibérales.

Ce qui ressemble à un raz-de-marée n’a toutefois rien d’irrésistible ou d’inéluctable. Il n’y a ni fatalité ni nécessité historique à la prise du pouvoir par l’extrême droite, à la condition que la question sociale revienne au centre des débats et des enjeux. Lorsque le gouvernement de la première puissance mondiale est aux mains d’une extrême droite impérialiste, une mobilisation sociale aux USA peut seule modifier la donne.

La droite (ou le « centre » comme elle aime à s’appeler lorsqu’elle n’est pas complètement décomplexée) est tout sauf un rempart : à l’exemple de ce qui se produit en France, elle finit toujours par s’allier à l’extrême droite et lui offrir le pouvoir sur un plateau.

En France, la bataille contre la réforme des retraites de 2023 a montré l’étendue de l’unité populaire contre les politiques néolibérales. Elle a cantonné pendant des mois l’extrême droite française dans un silence assourdissant. Si l’issue en avait été différente, nul doute que les perspectives seraient tout autres et qu’un vent d’espoir se serait levé, ici et ailleurs.

L’utopie progressiste et la conscience de classe se construisent dans les luttes syndicales. Et c’est lorsque l’on ne peut plus rêver d’avenir que l’on se prend à fantasmer sur les temps anciens. À nous de remettre la question sociale et celle des retraites plus particulièrement, au cœur du débat, dès les prochaines semaines. À nous de tisser des liens encore plus forts avec les organisations syndicales des autres pays, pour unifier nos forces et donner plus de poids à nos aspirations.