Déterminé·e·s ! Déterminé·e·s à ne pas laisser passer le projet de réforme des retraites et à faire aboutir les revendications de la CGT. Qui est satisfait de ce projet ? Le patronat, les assurances, bien installées dans la place au travers du haut-commissaire J.-P. Delevoye, lequel exerçait en parallèle des responsabilités au sein d’un institut de formation de la profession de l’assurance. C’est donc bel et bien le monde de la finance qui a dicté cette réforme de retraite par points dont le gouvernement nous présente le système comme simple et universel.
Tellement universel que les règles d’application diffèrent selon l’année de naissance, avant ou après 1975, avec entrée pleine et entière dans le système pour celles et ceux né·e·s en 2004. La génération 1975, qui a rappelé qu’elle a été touchée par la crise, le chômage structurel de masse, et qu’elle sera donc à nouveau touchée et pénalisée par cette réforme. Quant aux régimes spéciaux, le gouvernement entend les supprimer.
Comble du cynisme, le Premier ministre affirme dans sa présentation qu’avec cette réforme, les femmes seraient gagnantes ! La retraite sera calculée sur la totalité de la carrière, lesquelles carrières pour les femmes sont marquées par des inégalités salariales, de faibles rémunérations dans les métiers à dominante féminine, et le morcellement par le temps partiel.
D’une manière générale, il s’agirait donc pour toutes et tous de travailler plus longtemps, avec des bonus-malus qui s’appliquent autour d’un âge pivot de 64 ans et des montants de pension qui vont baisser. Les simulations de retraites avant et après la réforme Macron parlent d’elles-mêmes : les baisses du montant des pensions sont spectaculaires. Chacun·e l’aura bien compris, cette réforme n’a rien d’égalitaire ni d’universel et créerait une profonde régression des droits.
La mobilisation est à la hauteur de cette attaque et les basses manœuvres de division ne prennent pas : un million et demi de manifestant·e·s lors de la première journée de mobilisation le 5 décembre, plusieurs professions en grève, à la SNCF, à la RATP, à l’inspection du travail, dans le secteur hospitalier, dans les services publics de la Ville de Paris, dans l’Éducation nationale, les finances publiques, les transports routiers, les raffineries, et, au fil des jours, la liste des professions qui entrent en grève s’allonge.
À l’instar du gouvernement Juppé qui, en 1995, se disait droit dans ses bottes jusqu’à ce que la mobilisation d’alors le fasse reculer, le gouvernement actuel entend ne rien changer sur le fond à sa réforme. Qu’à cela ne tienne ! La mobilisation intersyndicale actuelle est bien déterminée à ne rien céder, à porter l’exigence du retrait du projet Macron-Delevoye, de la défense et du maintien de tous les régimes de retraite, et d’un retour à une retraite à taux plein à 60 ans.
La détermination, c’est également celle des salarié·e·s de l’hôtel Ibis Batignolles, en grève depuis le mois de juillet contre la maltraitance, pour l’amélioration de leurs conditions de travail et pour des salaires décents. C’est aussi celle des salarié·e·s de Radio France suite à l’annonce par la direction d’un plan de suppression de 299 postes et pour la défense du service public de l’audiovisuel.
Cette année 2019 sera également marquée par de fortes mobilisations dans différents pays. Au Chili, par exemple, elle commence à porter ses fruits puisque le pays va se doter d’une nouvelle constitution, augmenter le minimum vieillesse, et qu’il vient d’annoncer un plan de relance de 5,5 milliards de dollars. Ce numéro est aussi l’occasion de présenter en détail la mobilisation qui s’est déroulée au Liban. Les luttes paient !
Impossible d’écrire l’histoire à l’avance, mais nul doute qu’en cette fin d’année 2019, l’heure est à la lutte de haut niveau et à la certitude que, toutes et tous ensemble, nous pouvons gagner.

Alain Bernier, UD de Paris