Communiqué de la CGT Librairies.

Dans ce contexte si particulier, les employé.e.s de librairie s’inquiètent profondément de l’impact que cette crise majeure aura sur leur métier et avenir professionnel. Les salarié.e.s, en première ligne comme à chaque crise (qu’elle soit financière, sanitaire ou les deux en même temps comme aujourd’hui), ne veulent pas servir de variable d’ajustement aux errements des gouvernements successifs.

Les représentants politiques qui aujourd’hui prétendent défendre la Culture et le Livre mais qui hier subventionnaient l’ouverture de centres de distribution Amazon, autorisaient des zones commerciales à ouvrir le dimanche, et précarisaient les salariés, ne sauraient se poser en fers de lance de la défense du commerce de proximité et de la librairie. Ajoutons que la multinationale Amazon, aujourd’hui argument pour rouvrir les librairies, bénéficie depuis de trop nombreuses années de la complaisance voire du soutien des pouvoirs publics.


Puisque le livre semble être devenu l’objet de toutes les attentions et de tous les désirs (nous en sommes d’ailleurs très heureux), nous rappelons que le meilleur moyen aujourd’hui de nous soutenir est d’utiliser les moyens de vente à distance et le click and collect que la très grande majorité des librairies a mis en place. Nous nous réjouissons de l’élan à l’endroit des librairies : la survie de nos commerces, de nos métiers et de nos emplois est un enjeu citoyen qui en appelle à la responsabilité de chacun.e dans sa démarche d’achat.

Nous nous interrogeons également sur le revirement en six mois du SLF (Syndicat de la librairie française) qui en mai, pour expliquer la raison du refus de la réouverture en mars, déclarait : « Nous étions alors au pic de l’épidémie.(…)

Vous avez souvent dit que le livre n’était pas un produit comme les autres, ni les librairies un commerce ordinaire. C’est bien au nom de cette spécificité et des valeurs qu’elle recouvre que nous avons fait primer la vie sur nos intérêts financiers à court terme. »

Position avec laquelle nous étions alors en accord.

La situation économique est certes différente aujourd’hui : l’enjeu économique des mois de novembre et décembre pour notre activité n’est pas le même qu’au début du printemps. Toutefois, pour la CGT Librairies, la santé des salarié.e.s et de nos concitoyen.ne.s ne se négocie pas.

Nous alertons sur les conditions de travail des salarié.e.s de notre branche mises à rude épreuve durant les confinements successifs dans un trop grand nombre d’enseignes. Parmi les témoignages de libraires que nous avons pu recueillir : refus de l’employeur de fournir des masques, fraude au chômage partiel (salariés mobilisés pour préparer des commandes en magasins, animation des réseaux sociaux avec leur matériel personnel etc), dissimulation de cas Covid en entreprise, requalification de contrat abusive…

En conséquence, la CGT Librairies exige :
– le respect par l’ensemble des employeurs des règles légales et sanitaires applicables.
– que les pouvoirs publics, décisionnaires de la mesure de confinement et donc responsables de ses conséquences économiques, compensent les pertes de CA induites.
– que le secteur de la librairie soit enfin éligible à la prise en charge à 100% du chômage partiel pour limiter les conséquences sociales pour des salariés déjà bien trop faiblement rémunérés.
– que l’interprofession, en particulier l’édition, se solidarise concrètement avec la librairie en reportant les sorties de fin d’année à l’issue du confinement, de la même façon que la remise de certains prix littéraires a été décalée.

Nombreuses sont les inquiétudes sur notre profession, et dans l’attente d’une amélioration de la situation sanitaire qui permettrait la réouverture des librairies, la parole ne peut se limiter aujourd’hui au syndicat patronal.