Cette année encore, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes mobilise particulièrement notre union départementale. Si la cause des femmes est de plus en plus entendue dans la population et le salariat, les femmes continuent d’être moins rémunérées que les hommes, gagnent 25 % de moins que les hommes (APEC), 90 % des bénéficiaires de la pension de réversion restent des femmes et les mères subissent des pertes de revenus de l’ordre de 25 % en moyenne, cinq ans après la naissance (Insee).
Pire encore : au-delà d’un discours pseudo-féministe de pure forme porté par le pouvoir, la réalité des mesures gouvernementales continue de s’attaquer à nos droits. Par exemple, les majorations de durée d’assurance qui permettent la validation de deux annuités (et six mois dans le public) à chaque naissance sont supprimées. À la place, une majoration de 5 % de la pension, qui pourra être partagée par le père et la mère. Le problème ? Les simulations montrent que même si c’est la mère qui la prend, ce sera moins favorable que le système actuel.
La pension de réversion serait supprimée après un divorce et son mode de calcul serait modifié en pénalisant les femmes cadres et professions intermédiaires. Aujourd’hui, la réversion garantit au conjoint survivant de bénéficier de 50 % de la pension du conjoint décédé. Avec la réforme, la réversion maintiendrait 70 % des revenus du couple. Le problème ? Ce sera très défavorable aux couples dans lesquels les femmes travaillent et où les deux salaires étaient assez proches.
Le temps des femmes est toujours très différent de celui des hommes. Au lieu de prétendre aligner les durées de carrière des femmes sur des durées désormais inaccessibles même pour les hommes, une réforme « féministe » devrait au contraire réduire le temps de travail pour permettre aux hommes comme aux femmes d’avoir une carrière et une vie professionnelle tout en consacrant du temps à leurs proches.
Revendiquer l’égalité réelle des droits pour les femmes, c’est une priorité pour toute la CGT. Le 8 mars n’est pas un gadget derrière lequel on se cache une fois par an pour ne plus rien faire le reste de l’année. Car seule l’égalité des droits que nous revendiquons pour les femmes comme pour l’ensemble des salarié•es surexploité•es permettra de faire progresser la situation de toutes et tous. Des salaires plus bas pour les femmes tirent de fait tous les salaires vers le bas. Dire cela, ce n’est pas diviser la classe ouvrière mais la réunir dans la lutte pour l’égalité de toutes et de tous.
Alors, ensemble, le 8 mars, manifestons pour exiger des sanctions contre les entreprises qui discriminent, pour revaloriser les métiers à prédominance féminine et reconnaître les qualifications, pour allonger le congé paternité et le rendre obligatoire, pour garantir à chaque enfant un mode de garde, pour l’application généralisée du « à travail égal, salaire égal », pour réduire le temps de travail, et pour généraliser la prévention des violences sexistes et sexuelles et y sensibiliser tou•tes les salarié•es.
Alexia Muller, Lola Fléchard , Marilyne Poulain, Sandra Buaillon,
membres du bureau de l’Union départementale CGT de Paris
Téléchargez Le Travailleur parisien de février 2021, n° 1233.