Ce mois de juin 2023 a vu deux initiatives antifascistes importantes : le 4, une manifestation en hommage à Clément Méric, dix ans après son assassinat par un militant néonazi, et le 17, les rencontres syndicales antifascistes organisée par Visa (Vigilance et initiatives syndicales antifascistes) à la Bourse du travail de Paris.
Forte participation à la manifestation en hommage à Clément Méric, qui a démontré que la rue n’appartient pas à l’extrême droite, surtout après que celle-ci s’est illustrée par une marche dans Paris avec drapeaux fascistes et slogans xénophobes, le tout avec la complaisance des forces de police. Il fallait rappeler que l’extrême droite, ce n’est pas seulement des idées et des discours nauséabonds mais également une violence permanente qui tue. Comment oublier le meurtre de Federico Martin Aramburu, le 19 mars 2002, par un neonazi ? Pourtant, c’est bien à cet oubli que veut nous amener le silence complice des grands médias. Briser ce mur médiatique est une de nos responsabilités dans la bataille idéologique que nous menons contre les idées d’extrême droite.
Tables rondes et meeting
Les rencontres syndicales antifascistes organisée par Visa ont réuni plus de deux cent cinquante participants. Des syndicalistes de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de FO ou de la CNT ont pu échanger sur leurs pratiques de luttes contre l’extrême droite à travers trois tables rondes. La première, portant sur la lutte contre l’extrême droite au travail, a permis de mettre en lumière les différentes méthodes et leurs avancées ainsi que l’utilité de l’unité syndicale sur ce sujet, et d’insister sur le danger que représente ce courant politique pour les travailleurs.
La seconde table ronde, centrée sur la lutte contre le complotisme, a mis en avant les passerelles entre cette problématique et l’extrême droite et l’influence grandissante de ces thèses dans la population et parfois même dans les syndicats. La dernière a fait le point sur le recours de plus en plus visible à la violence par l’extrême droite, rejoignant ainsi le sujet de la manifestation du 4 juin. Bien qu’ayant toujours fait partie des caractéristiques de l’extrême droite, cette violence est de plus en plus décomplexée ces derniers temps, les évènements de Saint-Brevin-les-Pins en étant une sinistre illustration.
La journée s’est conclue par un meeting avec des représentants de la CGT, de la FSU et de Solidaires, qui tous ont mis en avant la nécessité de la lutte syndicale contre l’extrême droite, ses idées et son influence, et la nécessaire unité populaire à construire pour mener ce combat. Combat d’autant plus important que nous vivons un moment politique où le libéralisme macroniste, fragilisé par sa politique antisociale, emprunte les thèses de prédilection de la réaction, banalise les idées racistes et xénophobes, et reprend dans les faits une partie de l’agenda politique de l’extrême droite.
Une bataille permanente contre l’imposture sociale du RN
Cette banalisation menée du plus haut sommet de l’État a des conséquences concrètes. Aujourd’hui, l’accès au pouvoir de l’extrême droite n’est pas une fiction. Avec près de quatre-vingt-dix députés RN à l’Assemblée nationale, le risque est réel. Comme l’a démontré l’histoire, en période de crise, la bourgeoisie se réfugie derrière le fascisme pour préserver les intérêts du capital. Ceux qui hier préféraient Hitler au Front populaire sont les mêmes qui, aujourd’hui, pavent la voie vers le pouvoir au RN.
Dans cette lutte, la CGT a une responsabilité particulière de par son histoire, ses valeurs internationalistes et antifascistes, et son combat pour une société libérée de toute formes de discrimination. Il ne suffit plus de d’initiatives ponctuelles pour affronter l’extrême droite, c’est une bataille permanente qu’il faut mener. L’UD CGT de Paris a placé dans ses orientations cette montée en intensité de la lutte antifasciste. Avec son collectif « Luttes contre les idées d’extrême droite », elle se fixe pour objectif de faire entrer dans la pratique quotidienne de tous les syndicats et UL ce combat, en organisant des déploiements, des sessions de formations, des conférences sur la réalité de l’extrême droite et le danger qu’elle représente pour le monde du travail, en dénonçant son imposture sociale, elle qui n’est jamais que le bras armé du capital, et son imposture démocratique, alors qu’elle tente de surfer sur les aspirations à plus de démocratie de la société. C’est une bataille idéologique, politique, sociale et démocratique que la CGT mène contre l’extrême droite partout où elle se trouve.