« Quand un militant de la CGT est attaqué, c’est toute la CGT qui est visée. » Sébastien Menesplier, membre du Bureau confédéral, a été convoqué à la gendarmerie pour n’être pas étranger aux coupures de courants qui ont affecté la ville de l’inénarrable ministre du Travail Olivier Dussopt lors de la mobilisation contre la « réforme » des retraites.
Mercredi 6 septembre à 8 heures, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME et membre du Bureau confédéral, était convoqué chez les gendarmes à la suite d’une action menée dans la ville du ministre du Travail, Olivier Dussopt, lors de la lutte contre la réforme des retraites. Ce dernier, piqué au vif, veut sans doute régler des comptes. Pourtant, en termes de « coupures », ce sont bien le gouvernement et le patronat qui devraient rendre des comptes aux citoyens.
Plus de mille camarades menacés
« Quand un militant de la CGT est attaqué, c’est toute la CGT qui est visée. » Le slogan syndical a pris vie mercredi 6 septembre devant la gendarmerie de Montmorency, dans le Val-d’Oise, où plus d’un millier de militant·es étaient rassemblé·es, et dans toute la France, comme à Sète, dans l’Hérault, ou encore devant la Cadam de Nice. Au-delà des frontières, la Confédération européenne des syndicats a apporté son soutien en organisant un rassemblement à Bruxelles devant le consulat français par solidarité avec le dirigeant de la CGT et pour défendre notamment le droit de grève en France.
Présente lors du rassemblement, la secrétaire générale de la CGT a déclaré qu’un cap avait été franchi :« Il faut que le gouvernement comprenne qu’il faut arrêter avec cette répression et que Sébastien sorte rapidement. S’il y a des poursuites contre lui, la colère sociale s’exprimera et la CGT sera là pour organiser cette colère. » Cette convocation est un symbole de la répression antisyndicale qui s’abat sur les militants. La CGT recense plus de mille camarades sous la menace de licenciements, de sanctions disciplinaires, de convocations ou de poursuites judiciaires (voir le communiqué de presse CGT du 5 septembre).
Qui sont les délinquants ?
En 2022, cent cinquante-sept mille coupures d’électricité ont eu lieu à l’initiative des fournisseurs d’énergie. Alors, qui sont les délinquants ? C’est pourtant bien la politique du gouvernement qui devrait être mise à l’amende, car ce sont les plus pauvres qui sont privés d’un droit fondamental, le bouclier tarifaire et les chèques énergie, véritables pansements sur une jambe de bois, étant de très loin insuffisants. En 2022, le nombre d’interventions pour factures d’électricité impayées a augmenté de 10 %. Il s’élève désormais à 863 000 et les coupures de courant décidées par les fournisseurs d’énergie ont grimpé de près de 20 % au premier semestre, quand celles de gaz s’envolaient de 10 %. Le médiateur de l’énergie dénonce même une situation inquiétante pour les plus précaires.
La CGT Énergie remet le courant
Les opérations dites « Robin des Bois » se sont multipliées et les camarades ont courageusement remis le gaz et l’électricité dans des foyers précaires qui n’y avaient plus accès pour cause d’impayés, malgré la trêve hivernale. Des dizaines d’hôpitaux, crèches, collèges, lycées, universités, HLM, lieux culturels ainsi que des centres sportifs publics ont également été placés en gratuité d’électricité et de gaz.
Toutes ces actions ont été menées par des grévistes du secteur de l’Énergie, en vue de « rassembler » et d’« intensifier le rapport de force » dans la lutte contre la réforme des retraites. Elles se sont notamment déroulées en Région parisienne, mais aussi à Lille, Nantes, Lyon, Nice, Marseille et Saint-Nazaire. Dans la métropole lilloise par exemple, une centaine de logements sociaux ont ainsi été chauffés gratuitement. Un autocollant est posé par l’agent sur l’installation de manière à décharger l’usager de toute responsabilité. Ces coupures ciblées et ces baisses de production, comme le rétablissement ou la gratuité de l’électricité et du gaz, montrent que «les grévistes maîtrisent l’ensemble de leur outil de travail », rappelle la FNME-CGT. Les grévistes entendent également montrer, par ces actions populaires et positives, qu’ils « défendent l’intérêt général » et que « l’énergie doit être un outil de lutte ».
Oui, l’énergie est un bien commun, indispensable, et ce bien doit revenir à la nation sous le contrôle des usagers, de l’État et des organisations syndicales représentant les agents d’un service public retrouvé.