La Ve en France, ou l’islamiste en Iran, des artistes les ciblent dans des attaques en règle, sur les planches du théâtre où vous attend une bio endiablée de Chirac, ou sur les planches de la bande dessinée inspirée du martyre qu’a vécu Mahsa Amini, la jeune Iranienne tuée par la police pour cause de voile mal ajusté.

Quand Chirac plonge dans la scène

L’auteur du texte, Régis Vlachos, assume le rôle-titre, quant aux deux autres comédiens, qui endossent de multiples personnages, Charlotte Zotto a fait l’adaptation et Marc Pistolesi a assuré la mise en scène de cette pièce menée à un rythme d’enfer. Un portrait au vitriol, pas seulement de celui qui aimait les pommes, la Corona et le sumo mais aussi de toute la Ve République, la charge la plus violente étant sans doute celle portée contre ce qu’il a été convenu d’appeler la Françafrique. Les personnages de Pasqua et de Sarkozy ne sont pas les moins réussis et ce dernier remporte sans doute la palme du déclenchement de rires. Bref, comme on dit, il n’a pas été loupé. Quant à la mise en scène, elle est particulièrement inventive, l’ingéniosité étant la marque obligée des petites scènes dans de petits théâtres. Enfin, le décor d’écrans télé permet la diffusion d’images d’archives tout à fait bienvenues. Et nous fait inévitablement penser aux « Guignols de l’info », la pièce distillant un humour assez semblable à celui de l’émission légendaire.

• « Jacques et Chirac », au Théâtre de la Contrescarpe, 5, rue Blainville, Paris 5e, jusqu’au 4 novembre.

Un roman graphique pour soutenir les Iraniennes

Le 16 septembre 2022, en Iran, Mahsa Amini succombe aux coups de la police des mœurs, portés parce qu’elle n’avait pas « bien » porté son voile. Son décès soulèvera une vague de protestations dans l’ensemble du pays, qui va se transformer en un mouvement féministe sans précédent. Un an après, le feu couve toujours sous la cendre, et il suffirait d’une étincelle pour que ça reparte. L’onde de choc causée par sa disparition a déclenchét une révolution qui dure toujours un an plus tard.

Pour la dessinatrice Bahareh Akrami, cet anniversaire est un moment crucial : l’occasion ou jamais d’amplifier la voix des Iraniens. C’est l’une des raisons qui l’ont poussée à contribuer à l’ouvrage collectif Femme, vie, liberté, dirigé par Marjane Satrapi, paru le 14 septembre aux éditions L’Iconoclaste. Les grands événements de cette année de révolution s’y trouvent retracés, explicités, sortis de l’oubli. Le courage des deux femmes journalistes qui, les premières, ont alerté la population au sujet de la mort de Mahsa Amini, l’horreur de l’empoisonnement au gaz de milliers de lycéennes ou encore les chansons devenues hymnes de la révolution : cette bande dessinée met en lumière ce qui s’est passé dans le pays ces douze derniers mois.

Et pour montrer aux Iraniens qu’ils sont entendus, leur dire qu’ils ne sont pas oubliés, la traduction en persan du livre sera diffusée gratuitement en Iran. L’UD de Paris, qui avait reçu une délégation iranienne et avait apporté tout son soutien à cette révolution féministe, encourage vivement la lecture de ce très beau roman graphique. Continuons de faire entendre leur voix et aidons-les dans ce combat pour la liberté.

Femme, vie, liberté, éditions L’Iconoclaste, sous la direction de Marjane Satrapi, avec la participation de Joann Sfar, Coco, Mana Neyestani, Catel, Pascal Rabaté, Patricia Bolanos, Paco Roca, Bahareh Akrami, Hippolyte, Shabnam Adiban, Lewis Trondheim, Deloupy, Touka Neyestani, Bee, Winshluss, Nicolas Wild, Hamoun.