Si les hôtels, cafés et restaurants peinent à embaucher, c’est bien parce que leurs propriétaires ont rendu les emplois peu attractifs ? Quant aux salarié·es de ces établissements, ils et elles peinent à la tâche, du fait de ce sous-effectif. Mais ils ont su, dans beaucoup d’établissements, relever la tête et obtenir des augmentations salariales. Tour d’horizon.
Il serait illusoire de croire que le confinement et la fermeture totale des établissements auraient entraîné des conséquences économiques désastreuses durables dans les hôtels, cafés et restaurants, l’État s’étant montré très généreux envers les employeurs. Aujourd’hui, les touristes sont revenus, les taux d’occupation sont excellents. Si, par son attrait, Paris a renoué avec la fréquentation touristique, la profession peine à recruter la main-d’œuvre dont elle a besoin. Et s’il y a une chose que la CGT ne conteste pas, ce sont les deux cent mille emplois qui manquent dans les hôtels, cafés et restaurants.
Avant la pandémie, de nombreux emplois n’étaient pas pourvus. Aujourd’hui, des salarié·es qualifié·es ont déserté le secteur pour travailler ailleurs, et la situation s’est aggravée. La responsabilité de cette pénurie de main-d’œuvre incombe aux employeurs, qui n’ont jamais rien concédé pour améliorer les conditions de travail désastreuses, les salaires minables et les horaires de travail incompatibles avec une vie équilibrée et normale. Pour la CGT, ce manque de personnel est inacceptable : il dégrade davantage les conditions de travail et génère du stress aux dépens de la santé des salarié·es et de la qualité de service due aux clients.
Au cours du premier semestre 2023, l’US Commerce Parisa organisé plusieurs assemblées générales dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). Élu·es CGT et syndiqué·es ont débattu et échangé à propos d’une base revendicative commune et d’actions à mener dans le secteur.
Des premiers résultats très encourageants
Nous pouvons d’ores et déjà nous féliciter des nombreuses améliorations, avancées sociales et majorations salariales obtenues par la CGT et la mobilisation des salarié·es du secteur à l’issue des NAO de ce premier semestre. Quelques exemples :
- Westin Paris Vendôme. Après deux heures de grève en mars dernier, l’ensemble des salarié·es ont obtenu 260 € brut mensuel avec effet rétroactif au 1er mars ; une augmentation des chèques vacances, qui passent de 100 € à 150 € ; six jours par an pour enfant malade, examen médical ou de handicap.
- Hôtel Intercontinental Paris le Grand. Augmentation générale des salaires de 2 % au 1er janvier ; prime conventionnelle, prime d’assiduité et prime de nuit réévaluées à hauteur de 3 % au 1er juillet ; prime partage valeur (PPV) de 350 €, plus 250 € si le GOP atteint 32 % du chiffre d’affaires ; prise en charge par l’employeur du titre de transport à hauteur de 75 % ou prime carburant de 75 € par mois.
- Méridien Étoile. Revalorisation générale des salaires de 4 % au 1er mai ; participation 400 € ; intéressement 3 000 €.
- Prince de Galles. Augmentation générale des salaires de 5 % ; PPV de 1 800 € ; prise en charge par l’employeur de 90 % du titre de transport ; semaine de quatre jours dans certains secteurs.
- Fouquet’s. Revalorisation générale des salaires de 4 % au 1er janvier ; PPV de 1 500 € ; titre de transport pris à 100 % par l’employeur.
- Bristol. Après quatre heures de grève, le personnel d’étage a obtenu 230 € et les standardistes 150 € d’augmentation avec effet rétroactif au 1er janvier ; revalorisation générale de 4 % au 1er janvier ; prise en charge de 75 % du titre de transport par l’employeur ; PPV de 1 200 €.
- Hôtel Bassano. Revalorisation générale des salaires de 5 % au 1er janvier ; prime d’avantages en nature à 200 € par mois ; prise en charge par l’employeur de 75 % du titre de transport.
- Hôtel Meurice. Revalorisation générale des salaires de 5 % au 1er mai ; suppression de la condition des douze mois d’ancienneté pour l’obtention du 13e mois ; prise en charge par l’employeur de 85 % du titre de transport.
- Hôtel Mercure Montparnasse Gare TGV. PPV de 4 800 € (une première !).
- La Coupole. Revalorisation de 4 % pour les employé·es et 3 % pour les agent·es de maîtrise avec effet rétroactif au 1er janvier.
- Bofinger. Revalorisation salariale rétroactive au 1er janvier de 3 % pour les employé·es et agent·es de maîtrise ayant entre un et quatre ans d’ancienneté, 4 % entre cinq et neuf ans, 5 % à partir de dix ans ; PPV variable entre 200 € et 1 000 € selon l’ancienneté ; l’employeur prend en charge 60 % du titre de transport.
Partout, dans ce secteur, les luttes se sont multipliées et le patronat a dû lâcher, dans un contexte où il peine à recruter à force d’avoir malmené ses salarié·es. Aujourd’hui, le rapport de force semble jouer en faveur des salarié·es. Pourvu que cela inspire d’autres secteurs à Paris.