À l’issue du second tour des élections législatives, c’est d’abord le soulagement qui domine. Contrairement à ce qui était annoncé, et espéré par certains serviteurs zélés du capital, l’extrême droite est battue. Mieux encore : c’est le Nouveau Front populaire qui est arrivé en tête, et la CGT a joué un grand rôle dans la dynamique qui a permis cette première place dans l’Assemblée nouvellement élue.

Pour autant, rien n’est gagné, bien au contraire.

Si nous disions dès le 10 juin que sans mobilisations populaires, une simple victoire électorale de la gauche ne suffirait pas à obtenir la satisfaction des revendications, c’est encore plus vrai dans la situation actuelle, où personne n’a de majorité absolue. Les puissances de l’argent vont continuer leur offensive pour poursuivre les politiques libérales en leur faveur et trouveront des relais à leurs ambitions dans cette Assemblée, que ce soit chez les macronistes ou à l’extrême droite. Cette extrême droite qui, même repoussée pour l’instant, reste une menace et n’a jamais été aussi proche du pouvoir. Ses idées nauséabondes vont continuer à contaminer le débat public et la recomposition politique autour de celles-ci, qui s’est accélérée après les élections européennes du 9 juin, va se poursuivre. Les paroles racistes qui se sont libérées et déchaînées après cette échéance ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain et vont faire peser un poids très lourd sur la vie politique.

Alors, oui, si le soulagement d’avoir fait reculer l’extrême droite est justifié, il ne peut être que de courte durée. Un travail immense nous attend.

Si nous voulons faire reculer durablement l’extrême droite, nous devons nous attaquer à ses racines, en finir avec la désespérance sociale qui la nourrit, contrer son discours raciste en faisant renaître une identité sociale, de classe, qui permette de créer du commun. Faire en sorte que notre projet de transformation sociale s’incarne dans des revendications concrètes, sociales et démocratiques, à même de susciter l’espoir et de se traduire en mobilisations larges et victorieuses.

Notre CGT a su être à la hauteur de la situation et a maintenant une grande responsabilité dans la période qui s’ouvre. Dès cet été, nous devons aller au débat avec les salarié·es sur nos propositions et revendications pour qu’ils et elles s’en emparent et les fassent vivre. Avec toutes nos organisations, tou·tes nos syndiqué·es, nous pouvons et devons être moteur dans ces luttes nécessaires pour changer durablement les choses et ouvrir une ère de progrès social et démocratique.