Entre le barrage républicain et la compromission avec l’extrême droite, Emmanuel Macron a tranché. En nommant à Matignon Michel Barnier, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, le président de la République fait le choix de la continuité dans les politiques mises en œuvre depuis quarante ans et qui ont tant abîmé le pays et ses citoyens. L’objectif du président est clair : construire une coalition avec les député·es de son camp, qui a été battu, et la complicité du Rassemblement national pour appuyer la politique menée. D’ailleurs, l’extrême droite a immédiatement annoncé qu’elle ne censurerait pas le gouvernement de Michel Barnier.

Cinquante jours de mépris

Cinquante jours pour nommer un Premier ministre ultra-libéral, farouche soutien de la Commission européenne. Cinquante jours pour nommer un Premier ministre issu de la plus petite coalition de l’Assemblée nationale (Les Républicains). Cinquante jours pour nommer un homme qui ne représente ni une cohabitation (il est pleinement aligné avec Macron), ni un renouveau (il a 73 ans, dont cinquante ans de mandat !). Cinquante jours qui ne donnent aucune stabilité institutionnelle supplémentaire. Cinquante jours pour choisir une majorité dont l’extrême droite sera l’arbitre. La manœuvre est simple : accélérer la politique antisociale, en finir avec la Sécurité sociale, les services publics et toutes les protections des travailleurs. C’est bien pour cela que le RN, qui approuve cette politique, a donné son assentiment.

En Macronie, la médaille d’or revient au quatrième

Jusqu’au bout et par tous les moyens, Emmanuel Macron aura cherché à contourner le résultat des urnes. Alors que les forces de gauche et écologistes, arrivées en tête et réunies dans la coalition du NFP, avaient proposé une alternative en appelant à construire des compromis et des majorités parlementaires à partir des propositions contenues dans leur programme, Emmanuel Macron, la droite et l’extrême droite font le choix de continuer à servir les intérêts des leurs, c’est-à-dire les plus riches. Ils font le choix d’une union des droites dures n’ayant qu’une obsession : préserver les intérêts du capital. Une fois de plus, comme lors du référendum de 2005, le vote des Français est balayé d’un revers de main.

Pour la CGT, c’est un véritable coup de force. Les Françaises et les Français veulent le changement. Dans l’Hexagone comme en Outre-mer, où la situation se dégrade fortement, ils veulent retrouver du pouvoir d’achat, des hausses de salaire, des services publics qui fonctionnent. Ils veulent être respectés. À l’international, ils ne veulent plus d’une diplomatie française qui entretient la militarisation et les logiques des puissances impérialistes.

Encore un petit effort

Battu, abattu, isolé, Macron et les politiques libérales ne tiennent qu’à un fil. À nous de le trancher définitivement. N’attendons aucune réponse sociale du nouveau Premier ministre, qui fera siennes les lettres de cadrage budgétaire déjà envoyées par le gouvernement démissionnaire. Le budget 2025, plus austéritaire que jamais, est déjà prêt pour satisfaire au contrôle de la Commission européenne, dont Barnier a été membre durant douze ans.

Nous n’obtiendrons l’augmentation du Smic, des salaires, pensions et allocations ou l’abrogation de la réforme des retraites que par une mobilisation large et durable du monde du travail entamée le 7 septembre et qui doit s’amplifier, notamment par la grève sur les lieux de travail le 1er octobre et reconduite le 2. Sans attendre, multiplions les luttes pour la démocratie et la justice sociale.