Élu futur président des États-Unis, Donald Trump va être investi le 20 janvier. Retour sur une élection pas comme les autres du point de vue de ses conséquences, et coup d’œil sur l’état social et syndical des USA.

Aux États-Unis, la vie politique tourne autour de deux partis : les démocrates et les républicains. Les primaires ont été remportées par Donald Trump pour les républicains et par le président sortant Joseph Biden côté démocrates. Mais les défaillances de Biden ont finalement amené les démocrates à investir la vice-présidente Kamala Harris.

Le 5 novembre, les citoyens étaient appelés à élire 11 gouverneurs et plus de 5 800 législateurs, conseillers municipaux, shérifs, etc. au niveau des États. Au niveau fédéral, il s’agissait de renouveler pour tiers le Sénat (34 sénateurs sur 100) et la totalité des 435 membres de la Chambre des représentants. Les républicains ont obtenu 77,3 millions de voix contre 75 millions pour les démocrates, soit 49,8 % pour Trump contre 48,3 % pour Harris, le reste des voix s’étant porté sur le parti vert, le parti indépendant et le parti libertarien. Trump bénéficie de 312 grands électeurs contre 226 pour Harris. Les républicains sont majoritaires dans les deux chambres. Trump sera donc élu le 17 décembre et investi le 20 janvier.

Politiques intérieure et extérieure

Le programme économique de Trump articule protectionnisme avec axes libéraux classiques : maîtrise de l’inflation, baisse d’impôts, déréglementations (normes, cryptomonnaies), baisse des dépenses de santé. Il confie à Elon Musk une réforme de la fonction publique visant à supprimer massivement des emplois de fonctionnaires.

Les idées politiques de Trump sont réactionnaires et néofascistes. Il entend expulser des étrangers, contrôler les frontières et rétablir le Muslim ban. Il veut aussi traquer les activistes avec l’aide de l’armée, mais amnistier les assaillants du Capitole. Il veut d’ailleurs que les armes à feu soient encore moins contrôlées qu’elles ne le sont. Il veut aussi laisser la compétence de l’éducation aux seuls États et aux familles, et permettre aux enfants de prier à l’école. Sans oublier les menaces sur l’IVG.

Trump est particulièrement inquiétant quand il affirme être le meilleur ami qu’Israël n’ait jamais eu. Et sa prétention va jusqu’à dire qu’il mettra fin à la guerre en Ukraine en vingt-quatre heures. Concernant l’écologie, il entend retirer à nouveau les États-Unis des accords de Paris sur le climat et rester le champion des énergies fossiles tout en encourageant les voitures électriques de son ami Elon Musk.

L’électorat trumpiste

Trump a conforté sa base électorale de 2016 et de 2020. Il a pu compter sur le vote des hommes, des Blancs, du monde rural, des gens peu diplômés, mais il a aussi grignoté sur des catégories acquises aux démocrates. C’est ainsi que davantage de femmes, d’Hispaniques, de Noirs, de jeunes et de citadins ont voté républicain. Les propos haineux, provocateurs et irrationnels attirent davantage qu’ils ne repoussent, y compris, paradoxalement, chez les citoyen·nes visés par la haine raciste et sexiste.

Le socle idéologique de Trump repose sur le néolibéralisme, le libertarisme et l’évangélisme. Le nouveau président rejette avec force les principes égalitaires tout en gagnant des électeurs victimes des inégalités. Les démocrates, comme nombre de gauches dans le monde, n’ont misé que sur le discours égalitaire tout en abandonnant le terrain des conditions matérielles de la vie des travailleur·ses. Depuis que Biden est entré à la Maison Blanche, les prix ont grimpé de 20 %. En assénant des slogans en faveur du pouvoir d’achat et contre l’inflation, Trump a gagné les voix qui lui auraient manqué pour être élu.

Les luttes syndicales aux États-Unis 

Depuis deux ans, les luttes syndicales ont permis d’obtenir des avancées dans les secteurs suivants : cinéma, automobile, restauration rapide, hôtellerie, santé, éducation, logistique, ports et docks, aéronautique. Le mensuel CGT Ensemble de novembre relate que les mobilisations syndicales sont au plus haut depuis 1980. En 2023, le nombre de grévistes a triplé par rapport à l’année précédente. Les luttes ont essentiellement porté sur les salaires et les cadences.

Dans un pays sans conventions collectives ni État social fort, le syndicalisme se passe avant tout dans l’entreprise. Constituer un syndicat n’est pas chose aisée mais peut être très payant, car seul·es les syndiqué·es bénéficient des accords d’entreprise. Pour créer un syndicat, il faut atteindre 30 % lors d’un premier vote des salarié·es, ce qui permet d’organiser un second référendum où la barre est fixée à 50·%.

Étant inscrite dans la réalité de la lutte des classes, et en référence à l’œuvre d’Howard Zinn, une histoire populaire des États-Unis continue de s’écrire dans ce pays en proie à tant de contradictions et de dangers.