Le 1er avril, la colère du secteur social, médico-social et sanitaire s’est exprimée massivement devant le ministère de la Santé et partout en France. Depuis des années, les gouvernements successifs imposent des politiques d’austérité qui étranglent nos établissements et dégradent nos conditions de travail. Sous couvert de « crise d’attractivité », c’est en réalité une politique d’austérité qui complique nos métiers : coupes budgétaires, bas salaires, suppressions de postes et rentabilité à tout prix. Mais, partout en France, face à ces attaques, les salarié·es du secteur résistent et avances des revendications.

Les revendications du secteur de la santé ne datent pas d’hier. Pourtant, on voit chaque jour les conditions de travail se dégrader toujours davantage et les métiers perdre de leur sens. Combien ont déjà songé à quitter le secteur faute de perspectives dignes ? Les salarié·s et les agent·es sont en première ligne pour offrir des soins et de l’accompagnement de qualité à la population la plus vulnérable, mais, souvent, ils font face à des conditions de travail indécentes et à des salaires qui ne reflètent pas l’importance de leur mission.

Ni résignation, ni statu quo, les travailleur·ses du secteur s’organisent


Face à cette casse organisée par le gouvernement et les employeurs, les organisations syndicales CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, Sud du secteur se sont rencontrées le 26 février et ont acté une action unitaire. Déjà, des collectifs de salarié·es et des syndicats organisent la riposte. Partout en France, des luttes se font jour pour s’opposer aux licenciements, aux baisses de budget, et pour réclamer le versement des financements du Ségur. Certaines de ces batailles ont déjà été victorieuses, prouvant que la grève et la lutte paient. Il est plus que jamais nécessaire d’unir ces luttes, de les élargir et de construire une mobilisation capable d’inverser la vapeur des politiques publiques actuelles.
Partout les initiatives fleurissent pour faire de cette grève un tournant : assemblées générales, rassemblements devant les établissements, prises de parole publiques. Cette mobilisation ne s’arrêtera pas le 1er avril. Des syndicats du secteur social appellent d’ores et déjà à de nouvelles mobilisations en mai. Multiplions ces actions, massifions-les et coordonnons-les pour permettre un véritable rapport de force. En 2024, pas moins de cent vingt mouvements ont eu lieu dans le secteur et, pourtant, les attaques contre les métiers, les salaires et les conditions de travail s’intensifient, notamment dans la prévention spécialisée.

Des coupes budgétaires sans précédent


Dette, réarmement, crise… tout est bon dans la « doxa » libérale pour geler des budgets qui servent l’intérêt général, les services publics, la santé et la population. Il suffit d’observer la courbe des dividendes versés au capital ces quarante dernières années pour savoir où est passé l’argent nécessaire à nos services publics et à notre système de santé. Dans son communiqué du 5 mars, l’intersyndicale souligne la dégradation du secteur, notamment concernant les salaires, les conditions de travail et le manque de moyens pour répondre à la demande des populations.

Prendre soin de l’autre


La CGT dénonce depuis des années l’apparition d’objectifs lucratifs dans le secteur de la santé, favorisée par des politiques publiques qui attaquent sans aucune culpabilité le bien commun que sont la santé et l’action sociale. Car les missions des professionnels de ce secteur, c’est de prendre soin de l’autre, qu’il soit en difficulté temporaire, en handicap permanent ou malade. Alors que les employeurs de la Branche associative sociale et médico-sociale (Bass) avancent un projet de convention collective unique et étendue (CCUE) inacceptable, la CGT dénonce cette casse sociale. Sous couvert d’harmonisation et d’attractivité, c’est en réalité un nivellement par le bas qui est à l’œuvre : individualisation des salaires, critères de performance opaques, remise en cause des qualifications… Tout est pensé pour fragiliser les droits collectifs, diviser les équipes et dévaloriser encore un peu plus les métiers.

La CGT porte une autre vision


Il faut un investissement massif dans le secteur social, médico-social et sanitaire non lucratif. La CGT porte un projet de CCUE de haut niveau, fondé sur la reconnaissance des qualifications et de l’ancienneté. Nous proposons également une mesure de justice sociale et de bon sens : la réduction du temps de travail sans perte de salaire. C’est une réponse concrète à l’épuisement professionnel, mais aussi un levier d’attractivité et de qualité pour le secteur. Il est temps de redonner du sens à ces métiers et de construire un avenir digne pour les salarié·es comme pour les personnes accompagnées.