Le temps des atermoiements n’est plus de mise, et ce n’est pas aux historiens de qualifier ou non de génocide ce qui se passe à Gaza, comme le suggère Macron. Oui, c’est bien d’une entreprise génocidaire qu’il s’agit, et les États, les dirigeants politiques, celles ou ceux qui persistent à le nier feignent non seulement d’être sourds et aveugles à la réalité mais ne veulent pas entendre les déclarations des dirigeants israéliens eux-mêmes. C’est le ministre du Patrimoine qui suggère de bombarder les ultimes réserves de nourritures qui restent dans l’enclave, avec ce commentaire :« Ils doivent mourir de faim. » C’est le vice-président de la Knesset qui proclame que Gaza sera « effacée de la surface de la Terre ». L’objectif est clair. Il s’agit d’y éradiquer toute présence palestinienne, comme par la suite en Cisjordanie, où les attaques des colons se multiplient avec la complicité de l’armée.
Se taire, c’est laisser faire ou être complices. Les bombardements qui ont à ce jour détruit plus de 65 % des bâtiments, 95 % des écoles, qui ont fait plus de cinquante-quatre mille morts et cent vingt mille blessés qui ne peuvent pratiquement plus être soignés, n’ont été possibles, depuis le début, qu’avec les livraisons d’armes américaines et, pour partie, de matériels venant de pays de l’Union européenne. Cet assaut barbare contre une population civile aurait pu être empêché car il était annoncé par les dirigeants d’extrême droite israéliens dès le lendemain du 7 octobre.
Enfin, il y a quelques jours, le Canada, le Royaume-Uni et la France ont parlé de mesures concrètes. Mais lesquelles ? On a appris par nos camarades dockers de Fos-sur-Mer qu’un cargo israélien devait y faire escale pour y embarquer en secret quatorze tonnes de pièces détachées françaises pour fusils mitrailleurs. Les paroles de Macron et du gouvernement ne valent rien. Seuls comptent les actes, comme ceux de nos camarades dockers qui ont refusé de charger cette cargaison à destination de l’armée israélienne en rappelant les valeurs de la CGT : nous sommes pour la paix entre les peuples, nous sommes opposés à toutes les guerres, nous sommes pour l’arrêt des guerres dans le monde, nous sommes pour une société débarrassée de l’exploitation capitaliste. Un exemple à suivre pour tous ceux qui causent mais ne font pas.
Le 9 mai, un rassemblement important s’est tenu place de la République pour exiger la libération des douze militant·es de la flottille de la liberté qui ont navigué sur le Madleen pour rompre le blocus israélien qui empêche toute aide humanitaire à Gaza, où l’on meurt de faim.
C’est tard, et il est déjà très tard dans l’histoire du crime, dont les conséquences, si même il cesse, ne sont déjà plus prévisibles. Un crime pour lequel les dirigeants israéliens doivent être jugés par les instances internationales. Ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre, c’est le massacre d’un peuple, un déshonneur pour la communauté internationale, les forces politiques ou les belles âmes qui se taisent encore, un défi à la conscience universelle.
Aussi, la CGT Paris, comme elle le fait depuis toujours, comme elle l’a fait en rejoignant la campagne BDS, comme elle l’a réaffirmé lors de son Comité général par une résolution adoptée à l’unanimité, appelle une fois encore à des manifestations massives les 14 et 15 juin prochain pour la paix, l’arrêt de l’occupation et la reconnaissance de l’État de Palestine par la France.
Emmanuel Cottin, UD de Paris