Au sortir du déconfinement, il y a plus de deux mois, nous appelions toutes et tous, de tous nos vœux, à un « jour d’après », avec un gouvernement et un patronat qui tireraient les conséquences de la crise sanitaire pour revenir à des jours heureux tant clamés par Macron. Mais le remaniement ministériel, les négociations du Ségur de la santé, le discours de politique générale du nouveau Premier ministre, le plan de relance de l’UE vont tous dans le sens d’une continuité de l’avant-confinement.

Nous ne minimisons pas les conséquences économiques de la crise. Cependant, il n’est pas possible qu’au prétexte de la relance économique, nous avalions des couleuvres, courbions l’échine et payions l’addition en acceptant les plans sociaux, les licenciements économiques, les accords scélérats sur la durée du travail et des conditions de travail dégradées.

Fait historique, les salariés du groupe NextRadioTV (BFM, RMC, RMC Sports, BFM Paris) se sont mis en grève pour dire non à l’ajustement des effectifs au motif de la baisse des recettes publicitaires. Malgré la mobilisation des salariés, la direction d’Altice décide quand même de mettre en place un plan de départs volontaires.

Les personnels soignants, au travers des mobilisations des mardis de la colère, expriment leur colère, leur rage sur la gestion de la crise, ainsi que des revendications plus que légitimes sur l’avenir de la santé. Pour beaucoup, le Ségur de la santé ne répond en rien aux revendications.

Les livreurs cyclistes Frichti, auto-entrepreneurs pour un grand nombre et bien souvent sans papiers, n’ont pas hésité, malgré leur situation, à revendiquer leur régularisation. Une première dans la reconnaissance de travailleurs indépendants sans papiers. La CGT revendique la régularisation de tous les travailleurs sans papiers sur simple preuve de la relation de travail.

Macron, son gouvernement et le patronat affirment entendre les revendications des salariés et des citoyens. On peut malheureusement constater qu’ils ne prennent pas le chemin pour y répondre.

Que dire de la révocation d’Alex, de la RATP, pour fait de grève pendant la réforme retraite ?

Que dire de la situation d’Anthony, inspecteur du travail qui a juste voulu faire le sien, suspendue à la décision arbitraire de la ministre du Travail Elisabeth Borne ?

Que dire de la réforme de l’assurance-chômage, retirée mais dont le décret sur le retour aux règles d’avant le 1er novembre ne s’appliquera pas aux personnes ayant perdu leur emploi avant le 1er août 2020 ?

Que dire des milliards d’euros accordés aux entreprises dans le cadre des plans d’aide publique pour la relance de l’économie, sans contrepartie, et qui ne servent qu’à financer, par les contribuables, les différents plans sociaux, alors que dans le même temps les dividendes pleuvent pour les actionnaires ?

Le jour d’après ne doit surtout pas être cela. Nous devons nous atteler dès maintenant à une campagne de syndicalisation massive, créer un rapport de force inégalé, et être prêts le 17 septembre pour une rentrée placée sous le signe de la lutte victorieuse.

Alexia Muller, UD de Paris