La spécialité gynécologie médicale fit son apparition en France dans les années cinquante. Cette discipline à part entière dans le cursus de formation en médecine était dédiée à la santé des femmes en général et plus particulièrement dans les domaines de la reproduction et de la vie « génitale ». Aussi, elle comprend la prévention et le suivi des maladies survenant à chaque étape décisive de la vie d’une femme, comme les IST (infections sexuellement transmissibles), la contraception, l’IVG (interruption volontaire de grossesse), l’orthogénie, la grossesse et les maladies d’organes.
Trois gynécologues de ville pour cent mille femmes
Ce diplôme, spécifique au pays, n’est pas reconnu dans l’espace de l’Union européenne et cela a conduit à sa disparition, dans une indifférence totale, lors d’une réforme des études de médecine dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui, la suppression de ces études a entraîné une difficulté d’accès à ces soins, notamment par la disparition structurelle des derniers gynécologues en exercice : seulement trois professionnels pour cent mille femmes en âge de procréer, et sur les 1 054 médecins en activité en 2018, plus de la moitié ont au moins 60 ans.
De plus, les politiques successives mises en œuvre, qui ont dispatché ces missions aux médecins généralistes, aux gynécologues obstétriciens et aux sages-femmes, ont permis aux pouvoirs publics de faire des économies sur le dos des femmes au détriment de leur santé. Un revirement a eu lieu en 2003, les ministres de l’époque, Kouchner et Mattei, sous la pression d’associations féministes, rétablissent le cursus de formation de la gynécologie médicale en fac de médecine.
Malheureusement le nombre d’étudiant·es formé·es chaque année reste insuffisant et ne couvre même pas les départs en retraite. Les différentes campagnes de prévention et de dépistage de certaines maladies ont pourtant montré leur efficacité. Par exemple, la France comptait le taux le plus faible d’hystérectomie (ablation de l’utérus) d’Europe. Mais au fil du temps, ces avancées ont tendance à se réduire par rapport aux pays européens voisins.
Une question de droit citoyen
Le manque d’accès à la gynécologie de ville est un véritable problème de santé publique. Et le coût de la prise en charge des maladies graves est supérieur aux mesures de prévention pouvant être mises en place. À cela s’ajoutent de fortes inégalités puisque le critère économique et social permet à certaines femmes de consulter des spécialistes ou de bénéficier d’une consultation gynécologique régulière par le biais du médecin référent non formé qui les oriente vers un praticien. Sans oublier le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous, qui s’est considérablement allongé, et les territoires où les gynécologues pratiquant en cabinet ont disparu.
Cette limitation d’accès à un suivi gynécologique prive également les femmes du droit de disposer librement de leur corps, notamment pour la contraception, l’IVG et le suivi régulier de leur grossesse. Les femmes doivent avoir le droit d’accéder à un système médical qui ne les considère plus comme des citoyennes de seconde classe mais qui leur reconnaît ce droit.