La commission d’enquête du Sénat, présidée par le sénateur communiste Fabien Gay, a évalué à 210 milliards le montant des aides publiques versées chaque année aux entreprises sans aucune contrepartie. Dans un livre qui vient de paraître aux éditions Allary, Le Grand Détournement. Comment milliardaires et multinationales captent l’argent de l’État, deux journalistes, Caroline Michel-Aguirre et Matthieu Aron, chiffrent eux ces versements à 270 milliards, soit 60 milliards de plus. Trois fois le budget de l’Éducation nationale, vingt-quatre fois celui de la Justice. Une enquête qui illustre l’énormité du hold-up opéré par le capital et le patronat qui, sans vergogne, font nos poches avec l’aval de l’ensemble des forces politiques allant du centre à l’extrême droite.

Pour celles et ceux qui bossent, en revanche, c’est ceinture. Une vie toujours plus chère, des plans de licenciements en cascade, des services publics affaiblis et une hausse de la pauvreté. En cette rentrée, la France compte douze millions de pauvres et la précarité ne cesse de progresser. Pendant que le capital se porte au plus haut avec près de 100 milliards d’euros de dividendes versés aux actionnaires et une ponction de 66 milliards d’euros d’intérêts de la dette réalisée par les marchés financiers.

Le problème du pays n’est ni la dette ni le prétendu « coût du travail ». Il est dans le coût exorbitant du capital. Autres exemples : ST Microélectronics, aidée à hauteur de 500 millions d’euros contre à peine 100 000 € d’impôts, ou encore les 275 millions d’euros de subventions publiques à LVMH et ses 15,2 milliards de bénéfices.

Les forces au pouvoir sont aujourd’hui dans l’incapacité de faire accepter aux citoyens des choix préservant la domination et les privilèges du capital. Emmanuel Macron et la droite n’ont pas la base sociale qui permette de mettre en œuvre leur politique. Ils jouent la carte de la coercition par la répression antisyndicale et le chantage politique. Quant à l’extrême droite, elle masque les causes réelles, qui sont d’ordre économique, et détourne la colère vers une haine identitaire déguisée en priorité nationale car elle ne veut pas s’attaquer aux profits. L’heure est à poursuivre le processus de lutte enclenché le 10 septembre et à faire pression sur le projet de budget, qui porte un plan d’austérité inédit et qui doit être mis en échec.

270 milliards d’euros d’aides par an aux entreprises et de cadeaux fiscaux aux plus riches : c’est le bilan édifiant – du jamais vu dans notre histoire – de la politique fiscale « pro business » d’Emmanuel Macron. La clé du budget est là. Remettre à plat l’ensemble des aides aux entreprises dont les actionnaires sont dopés et drogués à l’argent public au détriment des salaires, des services publics, du logement, de la santé… Il faudra imposer un autre budget ou une nouvelle séquence politique. Cela ne se fera que sous la contrainte d’une forte mobilisation du monde du travail avec, déjà, un nouveau rendez-vous le 6 novembre prochain et de nombreuses initiatives dans les entreprises et sur les lieux de travail.